Djamile Mama Gao - Un slameur qui s'octroie le droit de rêver grand

Il nous semble important de le notifier d'entrée : le slam est l'un des courants musicaux qui comptent un peu moins d'audimat que son compère le hip-hop. Il n'en demeure pas moins que la musique béninoise peut bomber le torse d'avoir des slameurs de calibre dont les projets et la renommée traversent nos frontières. C'est le cas par exemple de Sergent Markus, K-Mal Radji, si on ne peut citer que ceux-là. À cette longue liste, il faudra ajouter Djamile Mama Gao.

Slameur dont la musique éclectique est logée au carrefour de plusieurs styles et influences musicaux, Djamile Mama Gao a sorti son premier album, "Na yi Noukon". À l'occasion, il a organisé une conférence de presse à laquelle ont pris part divers acteurs du showbiz béninois. Là, dans une ambiance enjouée et joyeuse, il a évoqué son enfance, son amour pour la musique dû à son père, ses débuts dans le slam, ses horizons, ses projets musicaux et professionnels, et bien évidemment, il a révélé ses attentes sur son premier album.

• Un disque actuel dans une pochette vinyle !
C'est par ces mots que Djamile Mama Gao a présenté son album : un CD compact inséré dans une pochette qui fait le double de sa circonférence ! Alors que le walkman a fait son retour avec "Polaroïd" de Youssoupha, Djamile Mama Gao revisite, lui aussi, le passé, mais dans le conformisme qui a bercé son enfance. Il a expliqué que son amour pour le vinyle lui vient de son père qui lui en offrait régulièrement en guise de cadeau. Et qu'il a gardé l'amour pour l'objet depuis lors.

Le choix du vinyle est une manière pour lui de s'intégrer dans la dynamique de la couverture avant du projet : le corps à l'arrière, la tête à l'avant. L'idée étant de s'abreuver à la fontaine des codes de la musique d'antan pour construire celle d’aujourd'hui !

• Djamile, le slameur qui vise gros !
« J'ai l'intention de faire 150.000 ventes en Europe. 10.000 en Afrique, dont 1.000 au Bénin ! »
Ces mots de Djamile Mama Gao résonnèrent comme une myriade de coup de marteaux dans les oreilles des participants à la conférence. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le slameur vise gros, et se permet un rêve.

Évidemment, une telle vision a de quoi plaire. Elle laisse penser que l'artiste a une feuille de route clairement définie, une stratégie bien précise, et comme il le dit, « un plan qui s'échelonne dans le temps. » Mais une telle vision, même si elle est à long terme, n'est-elle pas un peu (trop) osée ?

Il nous apparaît que oui, si on s'en tient à l'aspect des tendances musicales en vogue actuellement. Comparé à d'autres courants, le slam ne fait-il partie des tendances écoutées par un cercle restreint et relativement minime de personnes ? Par ailleurs, n'est-il pas possible de compter au bout des doigts le nombre de scènes de slam qui existent sur le territoire ? Puis, vu que le digital s'est imposé comme une référence, combien sont (réellement) prêts à s'offrir une version physique, même si elle présente de nombreux avantages ?

Quoi qu'il en soit, nous croisons les doigts pour que de tels chiffres soient atteints par Na yi Noukon ! Qui sait, ce pourrait être le premier album de slam le plus vendu au Bénin ... le rêve reste permis.

  • Le plan de Dieu
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