Dans l'ombre la cuisson a été faite, sous la lumière, elle sera servie.
Partis d'une constatation de l'univers rap, la thématique et l'égotrip consacrés à la dénonciation de faits proches et pourtant distants, criards, mais pourtant passés sous silence, permettent à Adjidja et Synergy de faire une synergie de leurs dictions et vocabulaires pour tracer un idéal et assainir un milieu dans lequel ils plaisent à se complaire.
Convié la langue coloniale et celle locale pour concourir à un même but fait la force de la sonorité à venir.
Ce n'est pas un rap conscient, mais on se croirait dans une sorte d'autobiographie dans laquelle, blessés dans leur égo, Adjidja et Synergy revendiquent leur place et position avec une série de mots, de rimes enchaînées, enchaînants, inspirés et inspirant une crainte révérencielle pour des animaux, mythiques constituants et symboles de la culture africaine.
Quelle part la tradition a-t-elle dans la musique ? La réponse passe par l'essence d'un retour en arrière, un retour au source pour conclure que c'est dans l'inspiration des « hán si vodoun » que vient l'inspiration, car dans sa forme et son fond, le rap n'est pas que musique.
C'est d'abord une exploration puis une mise en avant de la mæstria. Mæstria dans l’écriture, la plume, le flow et dans la coordination des mots justes et justement présentés.
La distance entre le conservatisme et le progressisme en devient, dès lors, réduit à une simple question de formalité pourtant formelle qui se résume en un seul mot : talent.
Et ce talent rap, tous les rappeurs l'ont-ils ? C'est dans une tentative de réponse à cette question ultime qui fixe un ultimatum à la carrière de chacun des artistes que Adjidja et Synergy en deviennent les "crieurs publics", les dénonciateurs et même les syndicalistes.
Peut-être vous faudra-t-il écouter ce morceau pour comprendre que l'égotrip peut plus que chanter et caresser dans le sens du poil l'égo d'un seul individu !
Disponible ici : Synergy x Adjidja - Yéhoué
