DJ Highfa : « Les patrons des clubs ne payent pas suffisamment nos DJ »

DJ Highfa propose des remix de single (deux déjà sortis : "Vis ta vie" de Nikanor et "Assitché dafogbé" de Yves Sedjro featuring Vano Baby). Des plus connus au moins connus du grand public, avec son équipe (Joes Beatz et Rash-D) il se base sur différents critères et se sert de logiciels variés pour réaliser ses remix. Il nous explique tout et en profite pour exposer les difficultés du milieu.

Voluncorp : Pourquoi faire des remix de morceaux ?

DJ Highfa : Le remix est un outil qui permet au DJ de transformer un son dans la couleur musicale de son choix. En effet, lorsqu'il est en boîte bien souvent, il faut qu’il mette une certaine énergie sur la piste de danse. Des fois, il arrive que le morceau soit bien composé, mais qu’il y manque de l’énergie pour se retrouver dans un club. Et c'est là que le remix intervient. Il permet de mettre un son aux douces couleurs dans un goût nouveau et de le mettre sous un autre jour, par exemple en ajoutant une vibe trap. Le remix permet de mettre une touche personnelle en fonction des goûts du DJ. Il y a des DJs électro, kizomba, afro, etc.

Voluncorp : Qu'y a-t-il de passionnant dans le métier de DJ ?

DJ Highfa : En tant que DJ, il m’est naturel de mixer des morceaux différents durant les soirées. Je peux utiliser pour cela jusqu’à 3 platines en même temps. C’est donc dans la nature même du DJ de chercher à ajouter une "saveur" supplémentaire au morceau ; il apporte de la créativité à un son pendant la soirée. Avec la sortie de logiciels de son, les DJs développent une créativité qui commence sur les platines. Nous avons la faculté de modifier le morceau en ajoutant des instruments. C’est un peu comme une deuxième production. Ce travail s’effectue en studio et nécessite des connaissances plus poussées que celles d’un simple DJ.

Voluncorp : Sur quels critères fais-tu la sélection des singles à remixer ?

DJ Highfa : Il n y a qu'un seul critère pour sélectionner le morceau : le kif. Dès que Joes Beat (mon pote producteur) et moi avons un kif sur un morceau, nous décidons de travailler dessus. Les idées viennent toutes seules sur le tas. Nous n’avons pas de critère en particuliers. Il faut juste que le morceau nous plaise puis nous nous mettons à en imaginer une autre version.

Voluncorp : Sollicites-tu des autorisations avant de passer au remix ?

DJ Highfa : Les remix sont très délicats dans le monde de la musique. Ils ont posé beaucoup de problèmes en raison des droits d’auteur, car nous manipulons les oeuvres d’autres artistes à notre guise. Même si les remix sont beaucoup acceptés aujourd’hui, il reste un flou juridique. Je demande donc une autorisation chaque fois à l’artiste avant de faire un remix et je le lui au préalable pour qu’il le valide lui-même d’abord.

Voluncorp : Quels sont les outils que tu emploies pour composer tes remix ?

DJ Highfa : Nous utilisons principalement 3 logiciels. Joes se sert de Fruity Loops pour composer les instrus. Moi j’utilise Abelton. Ensuite, nous faisons souvent retoucher le mix par notre ingénieur son Rash-D qui utilise Cubase. Nous employons aussi un piano MPk Mini pour composer les beats.

Voluncorp : C'est vraiment du travail ! Mais quelle finalité envisages-tu pour ce projet de remix des sons ?

DJ Highfa : Le but du remix est de remettre un son au goût du jour avec une touche de créativité. C’est une façon de montrer son travail en studio et son univers musical. C’est aussi une façon de se faire connaître en tant que DJ-producteur, car le remix est à mi-chemin entre deejaying et production. C’est le trait d’union. La finalité est donc de travailler à long terme avec des artistes pour faire de véritables collaborations sur un morceau.

Voluncorp : A ton avis, qu'est-ce qui est le plus difficile dans le métier de DJ, au Bénin ?

DJ Highfa : Le plus difficile au Bénin dans le metier, c’est que beaucoup de personnes ne respectent pas le travail des DJs. On pense que le DJ ne se contente que de passer les sons les uns après les autres. Alors qu’il y a aujourd’hui un tas de techniques différentes de mix et de scratch. Le DJ est définitivement devenu un artiste. Il crée. Le remix est une autre façon d’illustrer cette créativité. En plus du non respect, il y a le problème du cachet des Djs. Les patrons de club ne payent pas suffisamment nos DJs bien souvent pour leur permettre d’investir dans du matériel de production. Ce qui freine leur évolution. Du coup, il faut dire qu'il est très difficile de vivre de son art.

Voluncorp : A quelle fréquence comptes-tu sortir les remix ?

DJ Highfa : Il n y a pas de fréquence particulière. Dès que nous aimons un morceau et que Joes Beat et moi avons une idée, nous remixons.

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