Focus : Tôgbè Yéton aussi pourrait se mettre au gospel en 2020

Pour que sa carrière ne prenne pas de ride et ne devienne has been, un artiste peut changer d’univers musical autant de fois qu’il le souhaite. Il peut passer du zouglou au rap, cascader sur le style traditionnel avant d’atterrir sur le gospel. Le gospel. Il fut un temps où ce courant musical relevait de la seconde zone. Peu l’écoutait, et très peu la chantait. Mais depuis, les choses ont changé. En fait, la tendance musicale tend de plus en plus à accoster sur le gospel.

Tout prête à croire que ce sera l’orientation musicale dominante en 2020. Et ce n’est pas le projet Urban Gospel Tape, créé par Voluncorp, qui dira le contraire. Tôgbè Yéton pourrait aussi se mettre à en faire. Pourquoi ? Bah, parce que ce sera la tendance. D'ailleurs, voici six artistes sur lesquels on n’aurait pas parié pour du gospel, mais qui s’y sont mis, ou ont annoncé vouloir s’y mettre. Mais avant, débrayons le chemin avec le projet 100 % gospel qui marque la fin de l’année.

• Le projet Voluncorp Urban Gospel Tape

On s’accorde à dire que le gospel urbain constitue un terrain vierge. Se rendant compte du potentiel de ce chantier, Voluncorp lance le projet Urban Gospel Tape. Notre objectif ? Donner de la visibilité aux artistes qui se prêtent à cette dimension musicale, qui sort de plus en plus de l’obscurité. Le projet regroupe 25 titres et une dizaine de chanteurs. Il en devient cosmopolite, tout en offrant une qualité musicale digeste et pratique pour toutes les oreilles. Comme quoi, l’entrée dans la nouvelle année se fera sur de bonnes vibrations musicales.

Voluncorp Urban Gospel Tape Vol 1

• Tyaf – C’est fini les marabouts

Il y a 2 ou 3 ans, si quelqu'un disait que Tyaf sortirait un jour un morceau pour remercier Dieu, on en resterait bouche bée et le traiterait de fou. Pourquoi ? Parce que Tyaf se réclamait défenseur des traditions spirituelles, culturelles et cultuelles béninoises. D'ailleurs, il affirmait dans ses sons, sous le label Méko Prod, que son inspiration lui venait des dieux et divinités.

Puis subitement, après avoir quitté Méko Prod, il sort ‘’Je suis vivant’’, un son gospel. « Quand les problèmes ont commencé, les marabouts m’ont abandonné. Mes amis sorciers m’ont laissé tomber. J’ai connu Yahweh, ma vie a changé. » Les marabouts qui l’auraient abandonné seraient-ils des lobbys du label Méko Prod ? Serait-ce pour cette raison qu’il a quitté le label ? Autant de questions… mais là n’est pas notre thématique centrale.

Tout ce qu’on retient de cette sortie, c’est que Tyaf dit avoir tourné le dos aux marabouts. Et cette volonté artistique de remercier le Seigneur est une première dans sa carrière. S’il tourne le dos aux marabouts, logiquement, il tourne sa face vers le Créateur. Et chez le lui, il n’y a pas de musique dans le style "Oun sa ta", "Sachet", "Elle aime trop ça", "Vêdo Vêmin", "Mami". Non, il n’y a rien de tout ça. Il y a plutôt le gospel, le gospel, et encore le gospel. Finalement, sauf indication contraire, Tyaf pourrait se lancer dans du gospel en 2020.



• Faty – Coup d’essai, coup de maître

Sur son premier album, Faty a exploré plusieurs univers musicaux. Et en prélude à la sortie de cet opus, elle en dévoilait le premier morceau : "Alleluia". Fait marquant, même si elle se montre essentiellement croyante sur les réseaux sociaux, c’est bien la première fois que Faty se lance sur cet horizon. Aurait-elle, elle aussi, flairé le coup de la tendance en 2020 ? Ou alors n’était-ce qu’un simple coup d’essai ?

Dans un cas comme dans l’autre, osons le dire, "Alleluia" est une belle réussite musicale. Entre la variation d’intonation, l’alternance des courants linguistiques et la symbiose avec la forme musicale, Faty révèle son potentiel pour la musique gospel. Et ce potentiel n’est pas des moindres. Elle aussi pourrait décider de rallier la cause des chanteurs gospel en 2020.

Faty - Alleluia

• Naria – On va essayer voir

Difficile de dire exactement si Naria dispose d’un carnet de route pour sa carrière. Elle est dans presque tout, et toutes les tendances. En RnB, elle se positionnait parmi les ladies les plus en vue au Bénin. Elle s’est aussi essayée au rap. Mieux, en quête de buzz, elle avait même posté une vidéo très peu catholique peu avant la sortie de son clip "On s’en baleck", histoire de s’attirer de la visibilité. Et pourtant, rien ne va. Elle essaie tout, est dans tout, fonce dans tout, force tout… mais la pilule ne passe pas. Jésus est peut-être la solution !

Après avoir exploré toutes les autres dimensions, Naria, le 20 novembre à 8 h 10, a posté sur sa page Facebook qu’elle pourrait devenir une artiste gospel. Alléluia ! « Il se passe quelque chose d’extraordinaire dans ma vie. J’ai tellement de témoignages à faire, tellement d’amour à donner, tellement d’espoir, etc. » En gros, elle envisage sérieusement le gospel. On ne sait jamais, peut-être que ce sera la lumière au bout du tunnel. On va essayer pour voir.



• Nikanor – On se relance

Si Naria pourrait être à son premier coup d’essai en 2020, ce ne serait pas la première fois que Nikanor, lui, porterait le manteau de l’artiste gospel. Pour rappel, déjà en 2017, il avait chanté pour Dieu avec "Ma prière". Et cette prière constituait son premier titre gospel. Même si il n’a pas fait couler beaucoup d’encre, ce titre se range parmi les plus prémonitoires du chanteur. Il y dévoilait ses ressources pour le gospel.

D'ailleurs, son nom Nikanor, traduit de l’hébreu en français, à en croire ses explications dans une interview accordée à Heroes Mag, signifie « Victorieux » et marque son attachement à Dieu. C’est vrai qu’il a ensuite chanté l'amour, l'espoir et la femme. Mais finalement, il est revenu vers Dieu avec le titre "Yinko Tché". Il y demande au Seigneur de se souvenir de lui.

De par sa thématique, cette chanson colle au domaine de définition de la première sonorité gospel de Nikanor. Deux morceaux gospels sortis en deux ans, et ce n’est probablement pas fini. Rien n’empêche qu’en 2020, Nikanor devienne entièrement un chantre de l’Eternel, encore qu’il ait été choriste lors d’offices religieux par le passé.

Nikanor - Yinko Tché

• Siano Babassa – Mettre tout le monde d’accord, et continuer

Siano Babassa, à travers ses chansons, donne un aperçu de son potentiel polyvalent : il est à l’aise sur presque tous les styles. Avec le succès de "Agba man wa" il aurait pu continuer dans le même registre. Mais non, il a pris le risque de sortir de sa zone de confort, d’explorer d’autres horizons.

Au cours de cette exploration, il a rencontré le gospel et avait proposé "Jéhovah" (Chizoba Remix). Parce qu’il s’agit d’une chanson qui prend l’allure d’une prière du matin qu'on adresse au Créateur afin de le remercier pour le souffle de vie et pour demander ses faveurs, tout le monde trouve son compte dans ‘’Jéhovah’’.

Et pourtant, rien ne laissait présager que son auteur, Siano Babassa, pouvait évoluer dans ce registre. Mais s’il l’a fait une fois, c’est qu’il peut le faire deux fois, trois fois, quatre fois… n fois. Eh oui, envisager une carrière gospel en 2020 avec lui ne serait pas un mirage de désert.



• Wilf Enigma – Varier les horizons, revenir au point de départ

Depuis des années, le Wilf Enigma, qu'on a connu avec "Elle parle de moi" a laissé place à un Wilf Enigma peut-être plus mature dont l’orientation artistique a changé. Il chante beaucoup plus en langue locale sur des mélodies douces et apaisantes. Entre autres, "La vie ici-bas" lui a permis de conquérir un public plus large, des personnes de toutes générations.

Mais Wilf Enigma ne se contente pas d’aller à la conquête des générations, il songe aussi fréquemment à remercier le Seigneur. Pour preuve, il y a deux ans, il sortait "Qui décide". Il y affirme que le dernier mot revient à Dieu. Si entre-temps, il a diversifié son univers, Wilf Enigma n’en a pas pour autant oublier la dimension gospel.

En effet, avec le titre "Awame", sorti deux mois avant la fin de l’année, il a relancé son audience gospel. Qui sait, il pourrait ne plus s’en détacher en 2020.



Au final, comme on le disait plus haut, le gospel urbain est encore un terrain que les artistes pourraient explorer. Donc, rien n’empêche Tôgbè Yéton de surfer sur la vague en s’y essayant. Et puisqu’il s’agit d’une dimension en vogue, elle pourrait servir de tremplin pour tous les artistes. On verra bien comment évoluent les statistiques en 2020.

  • Le plan de Dieu
  • Anandel
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