Avoir un cœur et une tête suffisent pour mettre les mots sur l'innommable souffrance des mères qui ne le deviendront pas et sur les cris de ces enfants à naitre qui ne verront jamais le jour. De tous ceux qui prennent la parole au nom de ces enfants hypothétiques, jamais aucun n'avait émis l'idée que peut être, on préfèrerait ne pas naitre que d'être imposé à une mère incapable de l'être. Que penser de ces femmes qui renoncent à mettre au monde un enfant qu'elles ne sont pas sûres de pouvoir élever en lui donnant les meilleures chances ? Et le père ?
"Le cordon" est un dialogue à la fois profond et émouvant mère, enfant autour de l'avortement. Le fœtus avorté s'adresse à sa mère à travers la voix d'Oli. Cette dernière demande pardon à plusieurs reprises à l’enfant qu’elle aurait pu avoir et se justifie la moitié du clip via les rimes de Bigflo. Les deux jeunes frères de 22 et 18 ans ont mis des mots d’une précision efficace sur les angoisses de ces deux êtres, au point d’arracher les larmes à certains et générer le malaise chez d’autres. Ils ré-impliquent également le géniteur-fantôme dans une responsabilité qui devrait être la sienne, prouvent que leur rap ne bégaye pas devant les sujets délicats. L’illustration en stop motion (animation image par image)sublime le texte pour en faire un élément poignant du débat sur l’avortement dont l’absurdité est porté par les deux phrases :
- l’enfant : « Je ne suis ni vivant ni mort »
- la mère : « Je n’ai ni raison ni tort »
Bigflo et Oli sont déjà depuis un moment entrés dans la cour des grands; du nom de leur premier album qui sortira le 1er juin prochain. "Le cordon" : morceau contre l’avortement ou pour la liberté de choisir ?
