N'est-ce pas vrai que la parole devient difficile à manier lorsqu'il n'est plus question de dire « bonjour et bonsoir » ? La puissance de l'élocution, le pouvoir sacré de la parole : les griots n’en détenaient-il pas le secret dans une Afrique autrefois traditionaliste ?
Chaque génération a ses maîtres de la parole ! Et justement, une nouvelle caste de paroliers émerge et s'illustre à travers le lien intimiste qu'elle entretient avec le verbe légué, sur un continent en phase avec la modernité. Autrefois, les griots, aujourd'hui les slameurs !
Renouer avec les vestiges de l’Afrique ancestrale, en entretenant un rapport étroit avec celle d'aujourd'hui, est le leitmotiv de Djamile Mama Gao, un slameur dont l’approche à l’oralité se veut griotique. Il est originaire de Sori au Bénin, Togolais et Malien par ascendance, citoyen du monde dans l'âme.
Au « Championnat Francophone de Slam » qui a réuni du 06 au 08 Mars dernier au Mans, des poètes et slameurs venus d’horizons différents, ayant le français en partage, Il a défendu de belle manière l’Afrique de l’Ouest. Ensuite, il y a eu, sa participation à Niamey en Septembre dernier, au festival « FISH GONI ». Et maintenant, il embarque de nouveau pour la France, à l’invitation des autorités de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, dans le cadre du vernissage qui se tiendra conjointement avec la cérémonie de jumelage entre cette belle ville française et le Bénin.
L’exposition d’art se fera sous forme d’une déambulation depuis l’hôtel de ville jusqu'au "Théâtre 95" (scène conventionnée aux écritures contemporaines). A chaque arrêt, dans une courte intervention artistique s’inscrivant dans la tradition de l’oralité africaine, ce « griot ? » des temps modernes, prêtera sa parole, à chacune des œuvres, qui seront exposées.
Les dire. Les traduire. Les transmettre. Les révéler sous d’autres interprétations, sous d’autres orées, à travers d’autres ostentations. Le slameur Djamile Mama Gao, devra être la bouche de ces œuvres qui attendent qu’on les entende nouvellement, afin de les regarder autrement. Ainsi, le bien dit sera au service du bel art et c’est le Bénin qui en sortira grandi. L’exposition est prévue pour ce 27 novembre. Que Djamile Mama Gao y slame son regard !
