Ils sont venus au slam l'un après l'autre, comme on va à un carrefour, et quand ils se sont rencontrés, ils ont continué le chemin ensemble. Ils ont dû comprendre que la solitude est un acte de vitesse, mais pas d'endurance. Alors, un premier single a certifié leur existence. Et voilà qu'à présent, ils font preuve d'insistance.
« Intro » : c'est là le titre de leur nouveau single. Et cette chanson est telle une procession. Au double sens du terme. Ils défilent l'un après l'autre, comme ils sont venus au slam, et ; leurs paroles sont empreintes d'une solennité religieuse. En voici d'ailleurs l'allégorie fondatrice : « dans la tribu, chacun est gardien de son frère ».
Par leurs plumes vocales, ils se sont lancés à la redécouverte de leur germe existentiel, en se fondant sur un présent suggestif, à l'antipode de l'habituel ressassement d'une Afrique douloureuse.
Ils s'affirment, autant culturellement que cultuellement, en invoquant "leurs" origines. Et leur quête identitaire les amène à revivre et à réinvestir nos divinités, et nos traditions. Ainsi, l'orchestration musicale (avec le choix de la flûte et le jeu de batterie), puis le ton de leurs textes respectifs ; incarnent à la fois un langage mythique mais surtout de repossession de leurs vocabulaires, et syntaxes propres à leur communauté. C’est en cela qu’on est ravi d’entendre de façon omniprésente, leurs langues d’origines (du Mina au Yoruba).
Il n'y a donc plus de regrets liés à une empirique traversée de la mer, plus de souffrance liée au déracinement, plus de négation de leur être profond. « Intro » de La Tribu Tabou, génère plutôt un processus de métissage dont la souche est la naissance de leur peuple.
Ah au fait ! Avez-vous constaté ? Avez-vous constaté que l'ordre d'intervention des slameurs dans « Intro », demeure presque fidèle à celui de leur premier single "La poésie m'a choisi" ? Il y a là encore, une démarche de rituel, comme s'il ne fallait pas troubler un (l') ordre établi. Ô c'est peut-être le cas !
