Desten 1er - On n'en veut plus ou la révolte par frustration

Ce n'est pas seulement un texte engagé, c'est aussi un texte d'engagement, et…désintéressé. C'est du slam d'impact qui ne s'arrête pas à la seule description du réel. Mais qui tend à avertir, à désigner, pour bousculer, et faire remuer les méninges.

Au-delà, il y a cette volonté à faire bouger les mentalités apathiques, obnubilés par l'appât financier, que tendent les politiques lors des périodes électorales. A ce propos, « Ne venez plus jouer aux généreux avec notre propre argent », est l'injonction ferme de Desten 1er.

Rien de mieux dans ce cas, qurune franchise sans tournure, et une stylistique lexicale qui donne à sentir l'insistance de l'artiste à nous faire constater le degré d'abjection que mérite ces politiciens « bouffons bouffis bouffeurs de fonds publics ».

La déclamation de Desten 1er épouse une rythmique de scansion, embellie par un accent haché, une diction entrecoupée, des effets d'assonances, et une cohérence thématique percutante. De quoi inspirer la méfiance (« envers ces malhonnêtes propageant le mal-être »), inciter à la prudence, déclencher le sens de la suspicion, pousser au rejet des machinations à travers un gimmick retentissant « on n'en veut plus », qui permet de faire prendre conscience, de faire de la vérité révélée par le slameur, une source de catalyse.

C’est donc évidemment, un slameur de révolte ce Desten 1er. Qui tente avec un charme cru, avec un timbre guttural, d’apporter une contribution dans l’éveil des attentions. Un slameur qui vient à la bonne période, qui répond à ce besoin que nous avons tous, aujourd'hui, de dépasser le stade des discours fourbes pour commencer à agir. Un slameur qui dit et qui fait, ou qui pousse à l’action. Celle de dénier les entourloupes et de ne compter que sur soi : « Hommes sans paroles, gardez votre salive pour vous/ Car la parole n’est pas un pot/ Donc on ne tourne pas autour/ »

Ainsi, jamais la frustration n'est absente. Tantôt elle est contenue, tantôt elle déferle comme une larve brûlante qui ne demande qu’à s’épandre et à être pansée.
Ce qui permet à Desten 1er de ne pas s’enfermer dans l’unique orientation électorale. Des thèmes (la paix, la jeunesse et ses repères, la décrépitude de la démocratie…) de figuration s’y greffent également. Une figuration qui semble affirmée par un travail subreptice, afin que la priorité du texte soit bien identifiée. N’empêche que l’idée de la paix sous-jacente émerge le plus.

Elle se révèle à mesure que l’inquiétude grandit petit à petit chez le slameur. Puis elle finit par s'imposer et s'empare finalement du texte.

Comme si la matière de base qu'est la question électorale, n’est qu’une sorte d'écorce en première couche, destinée à nous introduire vers le matériau même du single. Une affluence de vers faisant référence à la paix nous le certifie : « Rien ne vaut le souffle de vie, mais il y en a pour qui le pouvoir vaut tout » ; « J’imagine ce que ça machine, dans la tête de ces fouteurs de troubles » ; « Le développement a un prix/…/ Certainement !/ Mais on n’en veut plus, si c’est au prix du sang// » ; « On ne veut plus qu’ici ça tire » ; « Gardez l’or et l’argent, mais rendez-nous la paix » ; etc.

Ainsi, la paix semble être presque l’obsession de l’artiste. Car elle est en modulation permanente dans son travail. Parfois elle se formule clairement et ensuite se déforme, elle se dévoile et peu après s'évade aussitôt, s'affiche encore et hop ! Se brouille à nouveau. Un jeu d’alternance thématique qui ajoute de la lucidité à sa révolte utérine.

Il est évident donc, et « Je l’avoue sincèrement et sous serment », « On n’en veut plus » est une métamorphose d’images fortes qui nous confrontent au jeu d’apparence de la politique béninoise et/ou africaine…

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