Il faut se méfier des dégoûts, ils ne déterminent que la limite de ceux qui n'ont pas les mêmes goûts. Pour nous convaincre de la mesure de cette imprévisibilité, il n'y a qu'à écouter Érythier.
Depuis le titre, en passant par le refrain, allant au choix de la logique, jusqu'à son orientation, son nouveau single "Vieille Mammy" est façonné dans un ton impétueusement rieur.
On y retrouve une folle appétence pour le mignon péché du bonifié. Vous savez ! Un peu comme le vin !
Et puis au fond, avec l'atout de l'expérience, la pratique des années, la connaissance ou la maîtrise des saveurs multiples et multipliées, n'est-il pas vrai qu'une vieille de la vieille devrait en savoir mieux sur comment ponctuer les ébats au lit, qu'une jeune fille ?
Connaisseur connaît, dit l'adage populaire africain !
Pourquoi pas Grand-mère aussi ?
La thématique à priori pourrait sembler tellement habituelle, familière, que l'inattendu qu'on rencontre et découvre durant l'écoute, étonne davantage.
En effet, on est déjà suffisamment habitué à entendre des textes lascifs qui nous masturbent l'imagination de propos salaces et sulfureux, mais rarement chez nous, nous avions fait attention à l'aspect insolite qu'apporte Erythier : le destinataire à qui la déclaration du désir est adressé.
Oh oui !!!! Vous n'y aviez peut-être pas songé ?
Eh bien rassurez-vous, c'est tout à fait normal. Parce que, généralement se dit-on que, lorsqu'un jeune évoque le désir sexuel, obligatoirement ce doit être à l'égard d'un corps tout gracile, pétillant, et assez filiforme pour faire monter l'adrénaline au-dedans de soi. Mais ça, c'est en oubliant que les artistes comme Erythier, préfèrent les chemins inexplorés. C'est en oubliant que la recherche artistique est beaucoup plus faite de marges, que de lignes toutes tracées, ou toutes admissibles. Ici, lui, il élabore tout son discours autour de "Vieille Mammy" (une connaisseuse qui connait quoi !)
C'est en ce sens que ce remix du single de Drake, porte un surplus de charme, bravant les clichés.
Un poil d'ironie, une griffe de moqueries, une douce caresse de comique, quelques enjambées de fantasmes, le tout couvert d'une voix presque orgasmique, un peu comme pour nous prouver combien, ce peut être savoureux une mémé en chaleur.
Implicitement donc, Erythier nous amène à redéfinir notre regard sur la féminité. Ou devrait-on dire qu'il contribue à aider les femmes, à re-appréhender leur rapport à leur beauté, à leur corps.
Ainsi, Le plaisir sexuel ne serait-il que question de jeunesse ? Si ce n'était qu'ainsi, comment alors feront toutes les prétendus "bombes" d'aujourd'hui à leur vieillesse ? D'ailleurs, y-a-t-il seulement un âge pour préférer la virilité ? Précisément quand elle est d'une jeune masculinité ?
Avec ce single, Erythier parvient aussi implicitement à repositionner le débat sur les possibles sexuels que la vieillesse peut oser ou non. Avec certes, le travers de la taquinerie qui va avec.
Ainsi, ce remix permettrait certainement, de repousser les limites, mais surtout d'amuser ceux qui s'y prêteront. Ce remix, c'est probablement pour transgresser et crisper les crispations, probablement pour vanner mais aussi pour contenter... Contenter toutes ces femmes au corps peut-être flétri par les rides du temps, mais toujours aussi irrésistibles, toujours avec des lèvres encore gourmandes, toujours à l'imagination fertile...
On peut donc aimer à la fois la boucle dansante du morceau, mais en même temps, tout le délié sous-entendu dans ce remix...
Rien que pour mémé.
Belle à croquer.
Prête à se donner, se dénuder, se faire aimer...
