A un jour de la cérémonie officielle des « Kora Awards 2016 », ceux qui devront défendre l'effigie du vert, jaune, rouge béninois doivent être fébriles et sous pression, tant l'enjeu est grand. Vous les connaissez sans doute, mais pourriez-vous définir avec certitude qui parmi eux, est capable d'être lauréat dans sa catégorie ? Nous non plus, mais au moins, nous pouvons faire des pronostics.
Découvrez donc ce qui nous paraîtrait probable pour cette édition !
Catégorie " Meilleur Artiste de Musique Urbaine "
Fanicko De Jésus, aurait pu ravir le trophée si Dj Arafat n'était pas nominé également dans cette catégorie. Parce que, contrairement à Mi Casa, à Dama do Bling, à Sally Boss Madam, et à MzVee, c'est seulement avec deux (02) singles qu'il est parvenu à se broder une étoffe de star émergente, autant dans l'Afrique de l'Ouest, qu'à travers tout le continent. Or le Yorobo a déjà réussi récemment à se dégoter le titre de l'« Artiste le plus influent d'Afrique » déterminé par Forbes Afrique et Trace. Et ça, loin devant Angélique Kidjo, et même devant des stars nigérianes comme Davido, Mavins, Tiwa Savage, etc. Ce qui signifierait qu'en ce moment, il a un monopole croissant, une légitimité autoritaire, et une crédibilité de prestige. Nous imaginons mal que, les tubes de Fanicko De Jésus, suffisent pour le destituer. A moins que, par souci de renouvellement, de rotation, et parce qu'ayant déjà été sacré d'un Kora suffisamment élogieux, le jury décide de miser sur la graine montante, afin de l’inciter à se surpasser. Qui sait ?
Catégorie Meilleure Artiste Féminine d’Afrique de l'Ouest
Sèssimè a un atout. L'orientation géographique de cette catégorie. Eh oui, la précision « Afrique de l’Ouest » lui accorde une marge de réussite. À prospecter de près la concurrence dans sa catégorie, soit Suzanna Lubrano, Adiouza, Sissao, Efya, Tiwa Savage ; seule la nigériane a une influence non pas seulement ouest-africaine, mais africaine, et plus encore. Surtout avec son orientation vers les Etats-Unis, qui lui permettent de profiter d’une expertise plus stratégique. Or, il ne faudrait pas omettre que Sèssimè a gagné en notoriété plus vite que d’autres, au point de devenir l’égérie d’un réseau de téléphonie mobile au Bénin. Et pas un réseau national : ce qui traduit que sa visibilité est suffisamment accrue pour attirer du monde. Et puis, Sèssimè et sa musique sont constamment en mouvement. Ce qu’appuient, son sens insatiable du renouvellement, son engagement féministe, son attitude Fashion, son charisme physique, sa présence et son interactivité sur les réseaux sociaux. Or qu’est-ce une meilleure artiste à notre époque ? Ce n’est pas que savoir chanter, c’est aussi pouvoir mobiliser du monde, savoir fidéliser un public, avoir l’aura de se faire courtiser par de grandes structures, entretenir son image en rapport avec les NTICS, etc. Se fondant sur ces critères, nous pourrions penser qu’elle pourrait décrocher ce Kora Awards.
Catégorie Meilleur Artiste de la Diaspora
Nous pourrions nous tromper, mais postuler à une telle catégorie d’après, est une démarche prétentieuse pour quelqu'un qui a une actualité presque inexistante. A quand remonte la dernière vidéo de Martin Hod ? A quand remonte sa dernière tournée ? Quel est le tube actuel venant de sa playlist, que l’on pourrait se mettre dans le casque et fredonner à tue-tête ? Combien de singles parus récemment ? Quelle constance dans son travail musical depuis le temps ? Et puis… et puis, dans sa catégorie, des noms comme Jessica Dorsey (encore gérable), comme Singuila (qui, avec "Rossignol" a réussi à se repositionner, même si après, pas de suivi), comme Teeyah (qui ne cesse de varier son champ musical, de maintenir le rythme), comme Mokobé (l’un des ambianceurs africains les plus plébiscités en France), et Maître Gim’s (Oooh ! Laissons tomber. Ses prouesses actuelles et depuis 2015 sont si grandissantes, qu’il vaudrait mieux pour le béninois que nous ne citions pas.)
Alors, à moins que ce soit une méthode pour se remettre sous les projecteurs, afin de se remettre en scène, Martin Hod n’a aucune chance pour cette édition.
Catégorie Meilleur Groupe de Musique Traditionnelle d’Afrique
Il est risqué de se prononcer sur cette catégorie, car le sens de l’authenticité, et de la recherche, est un propre à l’ensemble des nominés. De Babylone à Bayuda du Congo, du Groupe Kiltir à Espoirs de Coronthie, en passant par Makwakwa Cultural Ensemble et le Trio Teriba, nous ressentons cette fine communion avec sa culture intrinsèque, cette intime quête de l’originel en soi, et ce besoin de conformité à ses origines. Alors, ça risque vraiment d’être serré pour tous, et aussi pour nos béninoises. Surtout qu’elles défendent le même album depuis 2012, et que, leur approche de communication, est plutôt axée sur le retranchement : ce qui pourrait faire que leur notoriété soit quelque peu mitigée.
Mais bon… puisque nous sommes à l’époque de la promotion de la gente féminine, peut-être que le fait d’être strictement, le seul groupe de femmes, pourrait leur être favorable ? Peut-être… pas si sûr que ça pour nous en tout cas !
Catégorie Meilleur Groupe de Musique Spirituelle
Penuel Cantorum. Eux, ils ont clairement leur chance. Parce que, dans leur création, ils installent une situation d’échange et de projection du son ou du sens dans chacun de leur jeu de voix. Leur atout fondamental réside dans l’exploration corporelle, le compromis phonologique entre l’accord dans leur chant et le chant des accords. D'ailleurs, ils possèdent cette capacité à créer les harmonies convenables même là où des instruments auraient du mal à être parfaits. Et puis, ils ont la capacité de faire en sorte que chacun des éléments qui provient de leurs cordes vocales, de leurs tripes, puisse aussi bien conserver leur identité personnelle puis de se laisser aller à une finalité identitaire collective. Ainsi, dans leur catégorie, ils sont le groupe par excellence qui se nourrit d’une dynamique quelque peu plus complexe, anticonformiste tout en demeurant moderne. Ce qui pourrait leur garantir une distinction certaine.
Bien sûr, il ne s'agit que de pronostics basés sur des éléments propres à notre regard. Au soir du 20 mars, nous verrons si les résultats nous contredisent ou non ?
