Nos artistes seraient-ils des mendiants ?

Bonne nouvelle ! La mendicité s'est trouvée une nouvelle couche de la population acquise à sa cause. S'ils (nos artistes) n'ont pas encore commencé à faire le "donne moi un peu" et à attirer toute l'attention ou la pitié sur leur personne à Zongo ou encore dans les feux de Tokpa, il semblerait qu'on les convie à le faire !
A croire que certains responsables culturels, les préfèrent mieux dans cette posture, puisqu'ils travaillent à les mettre dans une positions de lèche-bottes, afin de leur donner des miettes.

Grande a été notre surprise et la vôtre (on suppose), de lire et relire depuis quelques jours une publication faite par l'ancien membre du groupe Ardiess, Hermann Fo logozo faisant le tour de la toile.
Une publication qui depuis, fait couler assez d'encre et de salive, suscitant beaucoup de réactions. Ironie du sort ? Quand on sait que l'artiste avait lui- même chanté "Yédo bo wé wè" (tu as été envoûté ).
C'est peut-être le moment de faire un remix du son vue sa mésaventure.

Alors, de quoi s'agit-il ?

"Tonton kiki "(Éric Thomson), artiste béninois et impliqué dans l'organisation du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) aurait proposé à notre cher Mano, au même titre que d'autres tels que Fanicko, Blaaz, D-flex (qui ont d'ailleurs aussi rejeté l'offre)... de prester sur ce festival international. A priori, nous aurions pu dire : Waoh ! Pour une fois qu'ils songent à impliquer les musiques urbaines !

Mais c'est sans savoir qu'avec cette offre, le FITHEB avait trouvé son agneau pascal à immoler.

Malheureusement pour eux, la "bête" a été mal choisie. Parce que Fo Logozo n'est pas de ceux qui se taisent face à l'ignoble, ou pire face à l'injure.

Proposer une maudite (modique) somme de 25.000F CFA (vingt cinq mille) à un artiste qui n'est plus à présenter, pour une prestation d'une si grande envergure, censée être financée à l'avance, censée être peaufinée depuis des mois : C'est presque prendre pour une andouille l'artiste, c'est plus que réduire sa stature, sa carrière et de surcroît, anéantir tout espoir des plus jeunes à aspirer vivre de ce métier.

Autant demander que les artistes prestent sans rien leur donner. Dans ce cas le bénévolat se comprendrait. D'ailleurs, pas du tout. Même le bénévolat serait inadmissible. Surtout quand on sait que dans le même temps, un artiste venu d'ailleurs serait payé dix (10) fois plus, ou vingt (20) fois plus au moins.

Preuve qu'il y a là une démarche de rabaissement de nos artistes, de minimisation de leur potentiel. Voilà donc ceux qui prétendent dans leurs travaux, et dans leurs discours qu'il faille consommer local ou valoriser le local, et derrière qui ont des actes inappropriés vis-à-vis des nôtres. Cela n'a encore plus pas de sens quand on sait qui est à la tête de ce Festival : Eric Hector HOUNKPE. Comment est-ce possible ?

À quoi auraient servi les 80 millions mis à la disposition du FITHEB par le fonds d'aides à la Culture ?

À quoi serviraient les critiques à l'endroit de nos artistes quand on est pas prêt à les payer à juste titre ? Pourquoi vouloir qu'ils fassent mieux et soient à l'image des internationaux, si aucun effort ne se fait pour les motiver et reconnaître leur talent (ils en ont !) Eric Hector HOUNKPE aurait-il lui, accepté un aussi minable cachet ?

La riposte faite par Éric Thomson pour tenter d'expliquer les faits, nous a semblé encore plus méprisante que le cachet lui-même !
Affirmer en temps qu'artiste-créateur, ayant voyagé dans des pays où les normes sont d'une certaine qualité : "Le niveau du cachet proposé ne devrait pas dans ces conditions donner lieu aux invectives du moment où l'obligation n'est pas faite à l'artiste contre son gré, de prester. Pour les questions de fond liées au niveau du cachet des prestations artistiques chez nous, je les partage. La forme par contre reste une préoccupation discutable ailleurs. C'est mon opinion et je la partage".

Que n'entend-on pas quand c'est pour justifier même l'insoutenable ? Aurait-il pu répondre ainsi à Adama Dahico ? Aurait-il pu répondre pareil à (restons dans le milieu urbain) Fally Ipupa ? Ou à Youssoupha ? Ou à Awadi ? Ou à Beby Phillip ?

Ne devraient- ils pas comprendre ces responsables culturels que nos artistes ne sont pas des mendiants? Ne méritent- ils pas d'être valorisés et soutenus? Seraient-ils aussi affamés pour accepter qu'on les minimise à ce point ?

Si certains artistes se présentent comme tels, c'est un libre choix, précisons-le, ridicule, mais cela ne signifie pas que tous les artistes béninois admettent qu'on leur marche dessus.

Il serait temps que les cachets qu'on ose leur proposer, soient respectueux de leur valeur !

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