C'est sans doute, l'éternelle question dans le rap, qui pourrait finir par devenir presque lassante. Mais bon, curieusement, elle prend souvent plus d'actualité, quand il est question de ténors tels que le Cotonou City Crew. Parce qu'à chaque sortie, l'opinion publique a envie de les mettre à l'épreuve face à leurs anciens succès. C'est donc pour cela que dans le cadre de leur nouveau single, il m'a semblé important de contribuer à la teneur des interprétations que nous pourrions nous faire au sujet du crew.
Du point de vue des membres, il conviendrait de reconnaître qu'il y a une certaine montée en performance individuelle. Hormis peut-être Anouar, qui tente de redéfinir carrément ses marques, et qui, du fait de sa non-stabilité, n'est plus aussi assidu et captivant qu'autrefois.
Cela étant, en tant que groupe, en tant qurensemble, il y a une évidence inéluctable : ils sont en perte de vie, ou visibilité. Crest selon !
Perte dans le sens où les codes dans le milieu urbain béninois, sont actuellement en train de changer radicalement. Et qu'ils vont devoir se départir de leur héritage "Statois" pour faire face aux nouvelles tendances, aux nouvelles vagues.
Ce sur quoi, me semble-t-il, ils travaillent d'ailleurs assidûment. Des titres comme « Batonga » ou encore « Baby danse » (leur nouveau son, disponible ici : http://www.voluncorp.com/clipsvideos-627.aspx ) prouvent leur volonté à ne plus se cantonner à ce qu'ils étaient, ou même à ce qui avait fait leur triomphe.
Ce qui sans doute n’'st pas forcément du goût de ceux qui, peu flexibles, restent très attachés à l'autrefois, au point de considérer systématiquement, que le changement du Cotonou City Crew dans leur vision musicale, s'assimile à du flop à chaque fois qu’ils sortent un nouveau titre.
Alors qu’en vérité, il leur suffirait de reconsidérer la position de leur rigidité, pour constater que la musique qu'ils font désormais n'a rien de régressif, mais tout d'expérimental.
La notion de fidélité à son style propre n'est pas prétexte suffisant pour rester en déphasage avec son époque, avec le mouvement de son genre musical dans le pays où l'on est, et selon les prétentions auxquels l'on consent. Or, disons le tout de go : Cotonou City Crew n’est pas de ceux qui suivent, mais de ceux qui mènent. Partant de ce seul point, il faudrait comprendre qu’au moindre changement de tendance dans notre milieu rap, ils n’attendront pas avant de tenter d’adopter ce qui marche le mieux ; car leur insatiabilité du fait d’être « update », les y poussera intuitivement, spontanément. Et vous savez mieux que quiconque, que même dans vos vies personnelles, quand vous avez atteint le sommet, tous les compromis à même de vous y maintenir pourraient vous semblez convenable tant que vous continuez dans ce que vous faîtes. Dans leur cas, se réorienter, n’est donc que démarche presque normale.
Quand on comprend cela, et qu'on les écoute pour faire la différence entre ce qu’ils faisaient, et ce qu’ils sont aujourd'hui musicalement, il n’y a donc qu’à comprendre, que chaque nouveau son, pour eux, est une sorte de tentative d'exploration et de recalibrage. Et cela consiste pour le CCC, à trouver leurs nouvelles bonnes marques, par rapport à ce que devient la musique urbaine béninoise.
Soyons clair, les comparaisons qui consistent à figer les artistes dans leurs anciennes orientations me font personnellement être sceptiques, parce que cela signifierait qu'on tente de les cloisonner, de leur ôter toute liberté d'envies nouvelles, et de tentations extrêmes.
Alors, que pour moi, un artiste c'est avant tout, ça : l'imprévisibilité, l'inattendu, l'expérimentation, le renouvellement, quitte à, parfois, se perdre carrément, et reprendre encore si on en a l'endurance.
Comprenez bien : il ne s'agit pas d'essayer de les dédommager, mais de prendre en compte, des facteurs qui vont au-delà de la simple perception de catégorisation que nous aimons instinctivement faire des artistes que nous connaissons.
Ainsi donc, il faut comprendre CCC actuellement comme étant en pleine mue progressive. Une mue qui va prendre son temps, comme c’était le cas pour eux autrefois. Leur nouveau feeling, prendra peut-être plus de temps pour eux maintenant, qu’avant, parce que les gens chez nous, sont plus enclin au snobisme qu'à être eux-mêmes. Ainsi, il leur faudra persévérance et constance s’ils tiennent tant à ce qu’on les compte encore dans les « top-modèles ». Ils devront continuer à fouiller, bêcher, dénicher le quelque chose en plus, qui les démarquera en attendant la prochaine métamorphose du rap béninois en lui-même.
Il leur faudra aussi et surtout, en dehors de vouloir vendre, se faire plus sincère dans ce qu’ils entreprennent de nouveau, plus crédibles surtout. Sinon, vous et moi, savons que ça se constate qu’ils forcent un peu trop parfois sur nombre de détails.
Et puis, dans leur processus actuel, il va leur falloir faire surtout attention au fait, qu’il faille moins passer leur temps à s’auto-célébrer en permanence dans leurs sons. Qu’ils l’admettent ou non, cette obsession presque à l’égotrip nique souvent la teneur de leurs travaux. S’il faudrait citer un seul prototype, qui illustre précisément le gâchis à cause de l’égotrip, je nommerais B-Syd. A chaque fois qu’il a bénéficié des reprises de Polo Orisha, faite de nos comptines du village, (comme dans « Assou » par exemple), il a tout bousillé, à force de vouloir faire son « ouesh je suis le meilleur ». Alors même qu’il aurait pu en faire des classiques incontournables du rap béninois, juste en écrivant des textes plus rassembleurs, plus consciencieux, moins individualiste.
Comme quoi, CCC devra comprendre que rester tout le temps dans le calque du culte de leur seule personne, alors même qu’ils cherchent à s’adapter à nos réalités, c’est totalement contradictoire. Car, ontologiquement, la culture de chez nous (qu’elle soit hypocrite ou pas), appelle à, plus d'humilité et toujours plus d'effort d'effacement du moi-vantard, pour aller vers la cause collective, commune. C’est pourquoi, s'ils veulent revenir à l'africanité, ils vont devoir, faire attention à ce qu'ils disent aussi. Il ne suffit pas juste de faire de la musique béninoise dans l'instrumentalisation, mais d'être béninois dans la logique et les réflexions.
En ce sens, ils sont par exemple, vraiment passés à côté du tube avec « On En A », juste parce qu’ils ont préféré l’utiliser à leur seule faveur. J’appellerais ça de l’auto-sabotage. Et j’ai presqu'envie de répondre à leur gimmick saboté par eux-mêmes, par un autre plutôt astucieusement utilisé par Jovi : « Et Puis Quoi ». Le CCC en a, d’accord : et puis quoi ?
En quoi les gens s’identifieraient dans leur « On En A » au point de vouloir le répéter s’ils ne s’y retrouvent pas ? Il n’y a qu’à faire attention à la façon dont Jovi parvient à impliquer plusieurs couches sociales à travers ses propos qui débouchent sur du « Et Puis Quoi » pour comprendre que CCC va devoir faire un remaniement textuel important, s’ils espèrent vraiment se maintenir dans le mouvement actuel du rap béninois.
Quoiqu'il en soit, avec "Baby danse", ils parviennent à rester dans l’esprit des vacances, et s’incrusteraient plutôt bien en club. Il ne leur reste plus qu’à attendre l’après-vac pour savoir s’ils se sont trouvés enfin dans leur nouvelle dynamique, ou s’ils se cherchent encore !
Dans la même catégorie
Afrique
DRBX Révèle enfin sa "Destinée" dans la Vidéo Extraite de l'Album "GHETTO FEELING"
anders 14-04-2024 23:02Le rappeur renommé DRBX a récemment dévoilé sa dernière vidéo [...]
Afrique
La réponse de Sergie Beatz face au défi de Amiral Dav
K. M. M 16-01-2024 23:29« ... un artiste c'est le travail. Et quand on parle du travail d'un [...]
Afrique
Maïmouna : La nouvelle chérie coco du Nanfouin Boy ?
Volun Corp 07-09-2023 10:57Artiste bien connu de l'industrie musicale, Alby, une figure [...]
Afrique
« Till The End », le film béninois à suivre absolument [Cinéma]
Faudel Amoussou 21-09-2022 13:45La cinématographie connaît depuis peu, un essor au Bénin. De plus en plus, [...]