Un album d'attachement pour nostalgiques en résistance. Mais également un album d'éclosion, ou d'ouverture de soi, ou d'acceptation d'évoluer avec le rap. Ainsi, les onze titres qui figurent dans cet album sont, la représentation interposée des étapes essentielles dans le cheminement du rap béninois au cours de ces dernières années. Ou devrais-je dire pour m'épargner d'alimenter des polémiques, que chaque titre marque le chemin d'un rappeur béninois depuis le commencement du genre dans notre pays, jusqu'à nos jours.
Des allures de sagesses, des narrations instructives, des moments de fêtes, des souvenirs drenfances, la saveur de la vie, la douceur du "tchakpalo", des réalités incongrues, des frustrations contenues, des phrases de dérision, le retentissement de l'ironie, le jargon et langage socio-culturel Fongbé.
« Alpha Oméga » interroge nos croyances dans ce qu'elles ont de plus cocasses, et s'étend ensuite sur nos vies avec leurs pincées de désolations amoureuses, d'illusions douloureuses, de remords inavoués, d'ambitions inassouvies, de faux pas, et surtout de coups. Des quatre cents coups aux coups montés, des coups d’œil aux coups de reins, en passant par les coups de mains, les coups de pouces, mais aussi, partant des coups de poings jusqu'aux coups de grâce.
C'est donc la caricature de nos quotidiens de quartiers, de vons, de bidonvilles, ou de quotidien tout vastement, que Fô Logozo met en voix, pour illustrer la mise en scène sous nos yeux, sous nos pas, de nos vies, qu'on n'aperçoit que peu, tellement sommes-nous occupés à vivre.
C'est probablement pour cela qu'en plus d'être le carrefour des styles entre le old school et l'afro-rap actuel, « Alpha Oméga », c'est la ré-examination des riens quotidiens, de l'inutilité de la vie.
