Sortir de l'écoute de Kemit, nous réconcilie avec notre méfiance des préceptes tout policés, et tout lissés. Parce que son propos se construit sur le fil de l'histoire (notre histoire) entre tristesse et espérance, entre franchise et mémorations. Et son texte se mêle à la fragilité de nos sociétés africaines, à la gravité de la désillusion politique, à la révolte contre les préjugés manipulateurs. Pourtant, c'est avec tempérance qu'il décline ses vers, qu'il insiste sur les références musicales africaines qui comptent à ses yeux, et qui devraient compter davantage pour les africains que nous sommes. C'est avec tempérance qu'il déclame sa détermination à croire, et à espérer.
"J'imagine" est ce que j'appelle un supplique qui n'épargne personne, tant il tente d'impliquer tout ce qu'on est de beau comme d'imprévisible. La musique est belle, le jeu de guitare et les percussions aussi. Le texte dit avec une justesse d'imagination. Un brin de nostalgie ! Et ces dires, qui nous rappelle que l'évocation à elle seule peut tenir lieu de résistance ou de contestation astucieuse.
