Près de 27 ans après Salif Keita, qui lui, l'avait fait entendre à la sortie de son album Ko-Yan en 1989, le rappeur béninois Cyanogène récidive. Avec le même titre que Salif Keïta, mais le sample de l'instrumental tiré du titre « Je pense à toi » d'Amadou & Mariam. Double adhésion ingénieuse. Il fait d'un son, deux classiques.
Cette reprise devient de fait, laudatrice du patrimoine musical classique africain, tant elle prouve que puiser chez soi, peut s'envisager autrement dans le monde urbain. Cyanogène y maintient le niveau de langue et le vocabulaire mordant qu'on lui connait. Facilité par l'aspect thug qu'a rajouté le beat-maker à la prod, afin de rendre plus hip-hop le morceau.
Avec cependant comme manque chez lui, d'implémentation profonde des notions de multiculturalisme, de respect de la diversité commune et de refus de soumission collectif ; comme l'exprimait quelque peu Salif Keita. Le rappeur étant resté un peu trop centré sur lui, cette reprise semble avoir perdu tout le caractère prégnant de l'acte d’indignation qu'elle aurait pu incarner.
Il n'en demeure pas moins qu'autant Cyanogène, que son invité Flash Marley, sont restés techniques dans le ton et un cran au-dessus de la mêlée dans l'écriture.
