À moins que vous ne soyez résident sur le continent africain, vous aurez dû remarquer qu'ici, le manioc est le produit de terre le plus adopté. Il fait la fierté de milliers de personnes notamment dans la région de l'Afrique de l'ouest. Par exemple alors que c'est le "Atchièkè" qui "enjaille" le cœur des ivoiriens, au Bénin, c'est le gari (farine de manioc) qui pérennise depuis des années dans les habitudes alimentaires. Et à une époque où la situation économique du pays tient au bout d'un seul fil, il est passé d’un simple passe-temps à l'étape de la norme ! Mis dans de l'eau, mélangé à de l'huile ou cuisiné sur le feu, il prend racine et s'incruste calmement dans la thématique de plusieurs singles dont "Tèba" de Prophétie en featuring avec Adjidja.
Chacun d'entre eux aborde à sa façon le sujet dans la langue du peuple : le fongbé. Cet atout concédé au morceau le rend accessible à tous puisqu'au fond, l'histoire relatée ressort du vécu commun. Le style de rap est quasiment le même, mais avec une légère originalité dans la façon de s'approprier le thème. Ainsi, Prophétie, malgré son ulcère convoie depuis le village dix tonnes de gari parce qu'après « sept années de rupture », les choses ne vont plus bien. Passé maître dans l'art d'en prendre, il connait toutes les étapes de sa dégustation : le dossimin (matin), le gari gingnan (midi) et le têba (soir). De son côté, Adjidja lui, veut bien prendre du chawarma à sa chérie, mais la rupture ne le lui permet guère. Il demande donc à sa bien-aimée de rentrer dans la cuisine puis de bien serrer la palette (wôtin).
Dans un ensemble de rimes pratiquement amusants parsemées de punchlines, ils exposent la triste réalité. Un préjugé général veut que ce soit les étudiants ou encore les maçons qui prennent le plus de farine de manioc. En écoutant "Tèba", vous comprendrez à quel point les données ont changé...
Disponible ici : Prophetie feat Adjidja - Têba
