Bien sûr on pourrait se contenter d'un simple « le game se porte à merveille et bien mieux qu'il y a des années en arrière » ; bien sûr qu'on pourrait stigmatiser le rap béninois comme étant en passe de subir une métamorphose profonde durant ces vacances ou mieux durant le reste du temps où les cieux seront au-dessus de nos têtes. Mais la question essentielle qui subsiste, survit quelque soit les fluctuations du temps et continue de tarauder les esprits est : que se passe-t-il actuellement dans le rap béninois ?
La réponse pourrait figurer en une seule phrase et pourtant à mi-chemin des 365 jours que nous aurons à passer avec l'année 2017, il convient de faire un bilan surtout que l'été pointe à l'horizon. Que ceux qui s'attendent à ce que la réponse soit servie comme la tête de Jean Baptiste sur un plateau se retiennent de garder un tel espoir, car il n'en sera rien. Loin de là. Faisons plutôt un pas en arrière pour admirer le puzzle que nos artistes nous ont et continuent de nous concocter.
D'entrée, il faut dire que la scène urbaine béninoise ressemble à une immense forêt constituée de trois lopins de terre. À l'entrée, il y a les arbres, qui résistent malgré les années et les intempéries, ensuite les arbustes qui, clopin-clopant oscillent tel un ressort, mais "vivent" puis la dernière catégorie : les herbes.
1- Les Arbres
Cette catégorie représente les aînés, la quasi-vieille génération. Il est vrai qu'on ne va pas, ici faire la genèse du rap au bled, mais coupons l'histoire en plein milieu. Atterrissons dans les années 2000 - 2008.
En cette période, le rap, style musical apanage d'une catégorie ciblée est devenue la "chose" de tout le monde. C'était en cette période que ceux que nous appelons affectueusement "aînés" ont fait rage. Il ne s'agit pas de faire un inventaire de tous ceux qui ont fait tabac dans le temps, mais plutôt de s'appesantir sur ceux qui demeurent encore visibles aujourd'hui. Parmi eux Kemtaan, Blaaz, CCC, Dibi Dobo, Shamir Mg, etc. (La liste n'est pas exhaustive)
Avec du recul, on se rend compte que cette génération tente de passer le flambeau à la nouvelle. Pour preuve ceux mentionnés ci-haut sont de presque parfaits exemples illustrant les faits.
En effet Kemtaan, « un vieux de la vieille » reste un baobab sous lequel vient se reposer T!boy signé sous le label We Magic Entertainment. Il y a peu Blaaz, avec son écurie SMM lançait un concours à l'issu duquel quatre voix ont été retenus en dehors de ceux qui déjà faisaient partie du dit label. Dibi Dobo n'est certes plus véritablement vu dans le quotidien de la musique béninoise, car étant dans une idéologie d'extériorisation de ses chansons, mais il n'en demeure moins que son label Soyimavo mettait Faithy en avant. Shamir Mg, quant à lui éclaire Crisba avec les phares de sa carrière. Dans le lot, il n'y a que le Cotonou City Crew qui reste en retrait. Il est vrai qu'ils ont, à une certaine époque tendue la main à Roccah, mais « une seule hirondelle ne fait pas le printemps » dit-on. Ne serait-il pas temps que El Presidente et ses pairs passent encore de leurs torches aux plus jeunes ?
2- Les arbustes
Ce sont ces artistes qui, sans faire partie de l'ancienne génération trouvent l'équilibre nécessaire pour tenir vaille que vaille le cap depuis des années faisant de leur mieux pour propulser leurs cadets. Ils sont actuellement les plus prisés par le public et sont pour la minorité représentants hors frontières. Citons Fanicko, Vano, Tyaf, Keurblaan, Chaarlity, Xtime, Nikanor, Men Jezz, Bigstorm, etc. (la liste n'est pas exhaustive).
Pour la plupart, ils continuent de faire des hits à chacune de leurs sorties et sont assez visibles même de l'extérieur.
Par exemple Fanicko (encore qu'il est plus un ambianceur qu'un rappeur), quoiqu'à plein régime avec Blue Diamonds présente Massizo au public grâce à son label I Am Legendary. Mais pour le moment, la recrue est bien plus reconnue pour ses scènes humoristiques que pour la musique. Vano quant à lui, tient sa promesse de nous faire découvrir ou redécouvrir des « hitmakers ». G-Rio et Yves Sedjro en sont déjà passés à la casserole et leur cuisson figure dans le top 2 des téléchargements du mois. De son côté, Tyaf, hormis sa signature avec Keyzit Africa et Méko Prod, tire un pan du drap en créant le label Djabigan Entertainment. Récemment son premier pion sur le marché, Tôgbè, est entré sur scène avec un single qui n'est point passé comme un courrier à la DHL. Plus inconnu que le cheval de Zoro, le "rappeur masqué" semble avoir encore du chemin à faire. Keurblaan avec sa YMPOPULAARWORLD (ex YMPOPULAARGANG) donne de la force à Carmen et au groupe K-Reflex même si lui-même peine à trouver la lumière au bout du tunnel de l'underground. Xtime aussi pense à la génération future et créa le label Je Viens Du Bénin dont le porte-flambeau est actuellement Ghix.
3- Les herbes
Nous pourrions scinder cette catégorie en deux : les herbes vertes et les herbes en devenir.
Manque de chances ou manque de moyens, la première sous-catégorie est la plus peuplée et comporte les artistes qui ont un bon potentiel, mais sont encore quelque peu en jachère. Tête baissée et à fond dans le game comme le taureau de la boisson Red Bull, ils se distinguent de la masse.
Ici, classons entre autres Rolling Roys, Ghix, Crisba, Sasori, Darrken, Akn, Tboy, Credo, Sean Lewis, Irone, etc. Nous ne pouvons tous les citer puisqu'ils sont légions. Chacun se démène et se débat dans la boue de l'underground afin de s'en tirer.
La sous-catégorie "Herbe en devenir" correspond à ceux qui auraient pu bien vite connaitre une montée en flèche, mais traversent actuellement une zone de turbulence tels des avions.
Certains connaissent carrément un flop, tandis que d'autres émergent peu à peu au point de presque changer de catégorie. Elioth Koza, Blizzi, Ramzy Werazon, Doto et Franckarmel en sont des exemples (la liste n'est pas exhaustive). Le dernier a lui, été l'un des premiers signataires du label Self Made Men, mais a par la suite connu une chute vertigineuse comme s'il avait été propulsé du haut vers le bas depuis le sommet du Mont Kilimandjaro. Espérons qu'avec son travail actuel, il pourra enfin un jour remonter la pente !
Suivant la définition de chacune des catégories, chaque artiste pourra connaitre sa position. Néanmoins le labeur abattu combiné aux efforts des uns et des autres permet d'espérer que la musique urbaine 229 sera couronnée de beaux auréoles !
N'est-ce pas le souhait de tous ?
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