Blaaz sort l'un de ses meilleurs sons depuis cinq (05) ans

C'est par le renouvellement que son nouveau single a quelque chose d'aguichant. Renouvellement dans le choix thématique, dans l'esprit musical, dans l'option de la langue, et dans le roulement des mots.
Il faut dire qu'en effet, Blaaz est un polymorphe qui ne cesse de puiser en d'autres, pour se façonner, ou se redéfinir. De sorte que, ce son qui va sortir, pourrait vous suggérer des pistes habituelles, mais au final, vous fera vous rendre compte que, malgré tout : c'est du Blaaz.

Tout part déjà de ce rapprochement du public primordial. On constate en effet, que ce titre est d'abord fait pour l'ici, avant d'envisager un quelconque ailleurs. C'est dire que c'est le #benco dans toute sa multiplicité d'implémentation et dans la vision du public cible à impacter.
Mais encore : l'approche est différente parce que Blaaz sort de sa zone de confort : loin de toute volonté de se voir dans le miroir, de n'évoquer que le soi égotiste satisfait de supplanter des "adversaires" déjà en retard. Il n'est plus question d'être trop convaincu d'être qui on est, mais de se mettre davantage au niveau du public lambda.

Il s'agit ici de fait social, exploré avec humour, vannes et taquineries subtiles. Le sujet est d'ailleurs actuel. La réalité du propos, a souvent été déploré par nombre d'entre nous, au point qu'on acquiesce systématiquement et approuve en se marrant, l'alarmement de l'artiste vis-à-vis de la bien-aimée inculte de cuisine, mais friande aux endroits exotiques, et aux habitudes importées.

Et alors qu'on admet les faits, Blaaz pendant ce temps, nous déporte à travers l'orientation artistique de sa prod : mélange de kora malienne (choix certainement pas anodin) et monture de afro. De sorte qu'on est dans une mixture entraînante dont les référents sont plus africains que jamais tout en étant aussi urbain que tout ce qui nous parvient des autres.

Cela règle-t-il encore plus la question d'identité dans la musique urbaine béninoise ? Il nous plairait de répondre comme nous l'avions déjà fait autrefois : plutôt que chercher l'identité dans la seule restriction à une couleur donnée pour le pays comme ce fut le cas du Nigeria (qui déjà, sont entrain de rompre leurs propres codes), nous devrions nous satisfaire que nos artistes trouvent subtilement, la façon de s'accommoder du monde, pour se fonder eux-mêmes dans ce qu'ils sont d'africain ou de béninois. L'identité est donc là : avec ambiance et tendance, avec allure et posture, avec sérénité et suavité. Qui pourrait oser en douter ?

Blaaz en tout cas, parvient à nous convaincre qu'il n'est pas si ignorant de ses acquis linguistiques "fongbé". Ainsi, pour quelqu'un qui a réussi à imposer sa personnalité au-delà de son pays, c'est une convenable façon de vulgariser la langue la plus parlée chez lui, de la faire interagir avec celles des autres, et donc de l'inviter au banquet des dialogues de langues africaines dans les musiques urbaines.

C'est également stratégique quand on sait que la diaspora béninoise est de plus en plus demandeuse de ses origines, et de musiques qu'ils peuvent vanter, chanter aux oreilles de leurs confrères et consœurs, des autres territoires, partout où ils se trouvent.
Ainsi, les vibes, et le gimmick, tous aussi efficaces que captivants, ne seront que des atouts supplémentaires pour créer une adhésion globalisante.

Peut-être devrions-nous finir en vous suggérant ceci : écoutez ce son, plein d'accents et de couleurs universelles, en ne comparant Blaaz à personne d'autre, que lui-même !

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