Plusieurs techniques servent à annoncer un projet (single ou album) : publication d’affiche, badge Facebook, concept hashtag, mise en ligne de teaser, et la fameuse phrase : « Sortie de [tel single] le vendredi à 18h sur Voluncorp. Max de partage la famille. C’est le Bénin qui gagne ».
C'est vrai : ces méthodes réussissent encore pour certains. Mais dans cet article, nous nous appesantissons sur des personnes qui mettent beaucoup plus de cordes à leur arc. Elles nous sortent des idées extraordinaires ou ne communiquent presque jamais de la même façon.Loin d’avoir la prétention de les énumérer tous dans cet article, nous n’en présenterons que cinq (05).
5 - DAC & Ankaa
Depuis l’arrivée de Ankaa, DAC semble s'être métamorphosé. Plus attendri ? Peut-être ! Plus doux ? Probablement ! Il explore de nouvelles dimensions musicales. Par exemple, qui eût cru qu'il chanterait, et le ferait même en fon-gbé ? Et qui aurait pensé qu’il trouverait, avec Ankaa, le moyen d’impacter à chaque sortie ?
Le lancement du premier single du couple "Entre nous deux" (END) a été fait à travers une conférence de presse. Dire que c’est est faire trop pour un single ne serait pas de l’abus parce que nous n’avons l’habitude d’assister à un tel déploiement que pour les sorties d’album de grands artistes et pour les concerts géants.
Si ce n’était que pour la conférence de presse, DAC & Ankaa ne serait peut-être pas dans ce classement puisque Bsyd aussi l’a fait avant eux pour "Alo Bam". En effet, pour la sortie du deuxième single du couple, nous n’avons pas eu droit à une autre conférence de presse. Non ! Cette fois le couple l’a fait dans la rue.
Plusieurs mini concerts gratuits le même jour dans différents arrondissements de Cotonou ont été donnés avec surplace des explications et des démonstrations sur le processus d’achat du single "Parce que c’est toi" du couple sur Volun Store. Ces séries de concerts étaient évidemment relayés en direct sur leurs différents réseaux sociaux. C’était tout un événement ! Résultat : dès la première semaine, nouveau record de vente de singles sur Volun Store. DAC & Ankaa prennent donc la cinquième place de ce classement.
4- Kemtaan
Avec lui, on ne sait jamais à l’avance ce qui se passera sur internet. 2013, à son retour au pays, il a simplement bluffé tout le monde avec ses « Samedi Magic ». Pendant plusieurs semaines sur Voluncorp, il a tenu en haleine des milliers de fans en leur servant à compte-goutte sa mixtape "Mise à jour 2" (MAJ 2) sortie la même année. Avec cette campagne, il avait réussi à constituer une communauté qui grandissait chaque semaine juste pour son projet. Résultat : plus de 30.000 téléchargements la première semaine ! Un record à l’époque sur Voluncorp.
Nous n’allons pas évoquer la communication sur ses albums "Guezo" et "MAJ 3", ou le single qui avait créé la polémique, "Toboula". Parlons plutôt de son dernier album : "Laïv" (live). Ce projet de cinq (5) titres, comme son nom l’indique, a été enregistré en cinq jours dans le Studio Legacy Records en direct sur sa page Facebook. Au terme de cette période, sa côte s’est refait une santé. Tout le monde était unanime : « Kemtaan est un artiste ». A la sortie de l’album, première semaine, nouveau record de vente d’album sur Volun Store.
3- Blue Diamond
Dans un concours de fléchettes, le label Blue Diamond serait le joueur qui, au lieu de tirer sur la cible avec des fléchettes comme tout le monde, tirerait plutôt avec un tank.
Il faut comprendre que ce label en fait toujours avec une grosse fourchette. Pour les sorties de Fanicko, non seulement nous avons droit aux traditionnelles affiches sur les réseaux sociaux, mais en plus les panneaux publicitaires sont pris d’assaut dans tout le pays. Sans compter bien-sûr le gros budget alloué aux publicités radio, TV et presse écrite. C’est à dire que les singles de Fanicko bénéficient toujours ou presque du même traitement qu’un nouveau produit d’une grande société de consommation.
En moins d’un an d’activité, les deux artistes du label (Fanicko & Queen Fumi) ont tous les deux décroché des contrats d’égéries avec de grandes entreprises locales du pays. Ce sont les deux du pays que vous verrez se taper les gros panneaux publicitaires, quelque soit la période de l’année.
2- Méko Prod
Si Blue Diamond déploie la grosse artillerie, Méko Prod lui emploie de petits moyens. Comme un pyromane, il met le feu, nie ensuite en être responsable,mais récolte quand même les bénéfices. Exemple : Tôgbè Yéton. Cet artiste (le personnage) et son univers est d’entrée, toute une stratégie.
Tôgbè Yéton, le moins qu’on puisse dire, c’est l’artiste à l’univers le plus sombre qu’a connu le rap béninois à ce jour. Vulgaire, cru et provocateur, le personnage pensé par Méko lui-même en fait un artiste qui se démarque automatiquement du lot. Chaque single de Tôgbè retourne (choque) systématiquement tout le monde. Aucune limite, aucune retenue et aucune subtilité dans les paroles de ses chansons. A chaque sortie, il donne au public de quoi polémiquer pendant plusieurs jours sur les réseaux sociaux.
Mais ce serait trop facile de juste créer un personnage qui casse tous les codes et se contente de balancer des sons trash. Au nombre des multiples controverses qu’a suscité le masque du rappeur, une a particulièrement retenu notre attention. La récente désertion de Tôgbè Yéton du label pour une histoire de 80.000 FCFA.
Voici ce que nous en pensons. Méko Prod aurait monté cette histoire de toute pièce pour être au centre de l’actualité pendant plusieurs semaines.
D’abord Tôgbè quitte le label et insulte à travers une série de live Facebook, les membres de son ancienne équipe. Ses vidéos, bien entendu, font le buzz et monopolisent l’actualité. Dans la foulée, il annonce un nouveau single. Sur le cover du single, on voit clairement la tête de plusieurs rappeurs dont Tyaf (artiste du label Méko Prod) sur des pierres tombales. Sous Meko Prod, la provocation ne serait jamais allée aussi loin. Mais, pour tout le monde, Tôgbè est « fou », incontrôlable et n’est plus à Méko Prod. Cela ne devrait donc surprendre personne qu’il fasse un tel cover. Techniquement, Méko Prod n’avait aucun contrôle sur les événements.
Étonnamment, les membres du désormais ancien label du rappeur masqué relaient quand-même le cover et le single sur leurs réseaux sociaux. Pour finir, après la sortie du morceau, pile au moment où la cote de Tôgbè ne soit jamais aussi haut, il finit par faire la paix avec son producteur et retourne dans le label. A l’arrivée, ses statistiques sur le net ont explosé et ses cachets ont presque doublé. Devinez qui sort le gros gagnant de cette histoire… Méko Prod. Stratégie ou coup de bol ? A Voluncorp, nous penchons plus pour le premier. Et encore nous vous épargnons de certains tours de passe-passe avec Tyaf.
1- Amir El Presidente
Si le public savait dès le départ que le premier single officiel de la carrière solo de Amir El Présidenté était une histoire aussi banale que celle d’un mec qui « kiffe » la sœur de son meilleur pote, ce single n’aurait pas été aussi attendu. Ça, Amir l’avait deviné. Il a donc préféré s’accentué sur le lancement de sa carrière solo. Pour cela, quoi de mieux que de tirer le plus possible sur la séparation d’avec Anouar. Et, croyez-le, ne cherchez pas non plus à savoir comment, mais quand Amir veut faire passer une information, il ne se contente pas de sa page Facebook. Il prend tout ! Les sites internet de musique, les radios et même la télé.
La nouvelle était donc tombée comme un coup de massue. L’éclatement du groupe mythique Diamant Noir ! Le temps que les milliers de fans du groupe ne digèrent la nouvelle, El Présidenté laisse tout le monde croire (sans jamais l’affirmé) que son prochain titre donnerait la raison de la séparation de Diamant Noir. Imaginez la surprise générale lorsqu’il dévoile le titre de la chanson « Je kiffe ta sœur » ! Evidemment, tout ça ne s’est pas fait en deux jours. Il a maintenu le suspense pendant plusieurs semaines. « La sœur de Anouar serait-elle la clef de l’éclatement du groupe Diamant Noir ? » Amir n’a jamais répondu. On se rend compte à la sortie du single que toute cette histoire n’avait rien à voir avec Anouar, sa sœur encore moins. S’il y avait à offrir une récompense dans la catégorie le titre le plus attendu de 2018, « Je kiffe ta sœur » partirait avec d’emblée.
Son dernier coup de maitre, "Cdéja fait". Amir commence par nous sortir un grand discours ! Les jeunes rappeurs ont abandonné le rap pour la tendance (ce qui ne date pas d’hier), et lui, en tant que président, sortira un son rap pour motiver les jeunes rappeurs à s’y remettre. Jusque-là tout va bien. Mais dans la même période, ces jeunes rappeurs à qui serait destiné le nouveau single de
Après la sortie de son morceau, El Présidenté n’en avait pas fini avec nous. Il lança ensuite « Cdeja Fait Challenge ». Il promet au gagnant un clip remix avec lui-même et une mise en avant médiatique. Oh God ! Pendant plus d’une semaine, il était impossible de passer cinq posts sur Facebook sans tomber sur la prod de "CDeja fait". Au finish, il a réussi à rendre son single populaire et à « faire rapper les rappeurs ». Comme il le dit lui-même, on n’est pas président pour rien. Il aurait fait une étude en communication à l’université. En tenant compte de ses stratégies actuelles, on imagine qu’il n’avait pas séché les cours.
En définitive, c’est vrai que chaque artiste a sa stratégie. Mais avec DAC & Ankaa, Kemtaan, Blue Diamond, Méko Prod, et Amir El Présidenté, on ne finit pas d’être surpris.
Si vous avez des suggestions, faites les en commentaires et expliquez pourquoi. Nous nous ferons un plaisir de les lire.
