Kokpémédji : Rappeur plus proche des siens


Nous avions longtemps désespéré. Les sourcils froncés, les écoutilles limées, et les émotions endolories. Nous avions longtemps désespéré et cru que le rap béninois irait en fanant L’ART qu’incarne le Hip-Hop en lui-même. Nous savons que dans tous les domaines de créativité, il est deux types de genres : Ceux qui optent pour le burlesque, le "BOUFFON" pour être plus franc, et ceux qui optent pour le raffiné, l’art (et qui ne vendent presque pas).

Soyons clair et direct : Le rap béninois se faisait de plus en plus "BOUFFON" et donnait l’impression que l’égalité RAP = VOYOU, a raison. Or, nous savons que ce n’est pas vrai ! Quand nous connaissons la plume de Jay Killah, de Kaysee Egde Montejano, de Nicoteen, etc., nous nous rendons compte que le rap béninois vaut mieux que le regard qu’on lui accorde.

C’est en cela que nous avons porté notre écoute sur les rappeurs qui osent le "Fongbé", le "Batonnou", ou les langues nationales comme fer de dire car, comment vivre dans un pays sans le relater ? Comment parler aux siens si ce n’est dans leur langue ? Il était ainsi compréhensible que les gens taxent les rappeurs béninois de farfelus qui glanent des mots pêle-mêle et des textes fanfarons, en guise d’Egotrip. Et ceux qui disaient que notre rap était, est en perpétuel recrudescence, n’avaient jusque-là pas torts. Car non seulement, nos rappeurs font preuve d’irresponsabilité mais aussi, d’insouciance.

Mais voilà ! Dans le contingent rapologique, il est encore qui sont soucieux des dires utiles, des textes factuels, des vers rimant avec l’actualité et s’adressant aux siens. Dans le contingent, en "Fongbe", nous apercevons Mutant aka Kokpémédji. Il est non seulement, la preuve que la langue ne crée aucune barrière en matière d’art mais aussi, que le rap béninois a de quoi espérer. Il est donc à la hauteur des exigences que doivent se fixer tout bon rappeur béninois. Et pour soutenir ce tact artistique, nous insistons sur « Je Soutiens », dernier tube en date de l’artiste.

Dans ce son, se côtoie, dérision subtilement exprimée, réflexion, révolte et efficience des sens. Non seulement, l’artiste parle de nous, mais aussi, il nous parle. Il insiste sur le comportement malhabile, que nous, béninois, avons à soutenir tout politique quelconque qui organise une marche à l’égard d’une quelconque autorité. Tout dans ce son, est dans le choix de la thématique et dans la manière de l’aborder. Nous entendons, l’ironie mais aussi la colère d’un artiste qui, même sans oppresser ou gueuler, exprime la gravité de la réalité. Comment être affamé et soutenir ceux qui se remplissent les poches ? Les miettes que l’on nous octroie pour marcher suffisent-elles pour nous sortir des embûches du quotidien ? Est-ce intelligent de marcher au lieu d’aller créer, travailler, réfléchir, se développer ? En quoi les marches nous sortent-elles du sous-développement ?

Voici autant de questions que soulèvent Kokpémédji, dans un style métaphorique, un ton décontracté, mais poignant. Ce tube est subtil autant par la fulgurance de l’idée mais également par la pertinence du traitement. Et quand le refrain se colle à vos lèvres, vous avez du mal, à vous en passer. Vous chantez, vous souriez puis vous évaluez la gravité de notre attitude. Kokpémédji donc, C’est ça un rappeur ! Un vrai rappeur béninois ! Et ça, ça se SOUTIENT !

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