Génésis
Au commencement était l’amour, l’amour du Hip-Hop mais aimer le Hip-Hop est une chose. Le répandre, une autre, le défendre valablement est encore plus important. Dans cette logique Yanic Tchaou, honore indubitablement, ce que nous pouvons désormais appeler « une mission légitime ». Au-delà donc d’être ingénieur de son, et d’avoir une émission, il incarne une vision. Une vision visionnaire, qui lui confère l’aura des hautes initiatives à promouvoir.
Et puisqu’un visionnaire sait, non seulement anticiper mais aussi participer, c’est avec raison que Yanic Tchaou aka Nicky Larson a laissé germer un album dont l’attribut s’imprègne d’une teinte unificatrice. Et pour être un album à tunique unique, elle se prévaut de rassembler, d’unir, et de promouvoir. Car au-delà des artistes dont le talent n’est plus à démontrer, cet album implique essentiellement des « Artistes Underground ».
C’est donc la preuve que cet opus se veut être la vitrine à travers laquelle des talentueux se révèlent et s’affirment. Vitrine qui témoigne de ce que la relève n’est pas aussi farfelue que l’on laisse croire. Vitrine qui exprime surtout que la relève existe mais, mérite et n’attend que d’être soutenue, d’être promue (à quelques exceptions près certes !).
En plus, leur faire côtoyer et se faire parrainer par leurs prédécesseurs ou devrait-on dire leurs aînés, est une manière de consolider les liens entre l’ancienne et la nouvelle génération. De sorte que, l’assertion de Jean Pliya : « c’est au bout de l’ancienne corde, que l’on tisse la nouvelle » ait raison et se justifie pleinement.
Aussi, l’on constate, que grâce à cette conciliation entre les deux générations, l’ancienne transmet à la nouvelle ses notions, et la nécessité de faire autant qu’elle ou pourquoi pas, de faire mieux. D’ailleurs, ne dit-on pas que l’enfant a le devoir de faire mieux que son père ?
Ainsi cet album joue le rôle de pont entre deux époques qui méritent de méditer sur l’avenir de la musique béninoise, plus précisément du Hip-Hop. Et dans son rôle de pont, « HERITAGE » (nom que porte l’album), regroupe autant les artistes venus du Sud-Bénin que ceux du Nord-Bénin. C’est la preuve que le métissage s’impose. Métissage qui doit contribuer à l’expansion des uns et des autres partout au Bénin. Car quoiqu’on dise, il n’est pas suffisant d’être reconnu soit seulement au Nord-Bénin ou soit seulement au Sud-Bénin. Ce serait, comme dirait Vahid Codjia, « une option de manchot ». Et ce genre d’option réduit au fil des années, la capacité du Hip Hop à « unir ». Ce qui donnerait raison aux détracteurs.
A travers cette réunification, cet album transcende foncièrement, les barrières et instaure un lien entre les frontières ou plutôt, brise l’idée des frontières. On y entend autant du slam, du chant que du rap. On y ressent les langues d’ici mais aussi d’ailleurs, comme pour signifier combien ces quiproquos ne sont bons que pour créer la psychose.
On sort de cette randonnée musicale, avec un surplus d’égo et de fierté car l’appartenance à cette terre vaudou s’y réclame, tel qu’un chien exige son os. Contrairement, aux préconçus que nous présente nos télévisions, nos hommes politiques, nos troubles quotidiens, on y découvre un Danxomè tonique qui n’attend que le béninois pour s’y plaire. En effet, la Jubilation et la frénésie y supplantent les émois et les effrois, transcrivant ainsi qu’il vaut mieux se réjouir d’être chez soi qu’à vouloir l’ailleurs, l’inconnu. « HERITAGE » vient donc "quelque peu" pallier l’image défigurée d’un Hip-Hop Béninois mal-en-point sur le plan « structurel », sur le plan « collaboration » et, sur le plan « expansion ». Et même si l’on y constate que l’Underground du Nord-Bénin n’est pas encore suffisamment représenté, nous comprenons l’engagement de cet album et bien sûr, attendons que sa perpétuité soit effective, autant que l’équitable représentativité des horizons artistiques. Encore faudrait-il que le Nord-Bénin s’implique, s’active et soit qualitative !
« HERITAGE » accepte l’identité africaine autant à travers les thématiques, qu’à travers la rythmique. Les percussions béninoises et africaines, les enrobées mélodieuses, et les euphonies illustrent combien l’influx du discernement a guidé l’initiative de ce disque. Car l’évidence à nos jours, est que : se défaire de ses racines, c’est se défaire de soi-même. Ainsi « HERITAGE » est conscient qu’en plus des clichés venus des States, l’Afrique, a l’obligation de se représenter afin que les béninois, les africains, se sentent concernées par l’œuvre rapologique de chez nous. C’est donc tout à fait subtil de prétendre que cet album est l’HERITAGE BENINOIS D’UNE AFRIQUE MUSICALEMENT MUNIE.
Et l'HERITAGE engendra les UMA
Si le public doit évaluer les artistes du Hip Hop ou plus spécialement, de la musique urbaine, il faut déjà que ceux-ci sachent ce qu’ils valent. Entre eux, il faut qu’ils puissent comprendre comment présenter ce qu’ils font au public, afin que le dégoût ne soit pas la réponse qui leur sera servie après leurs prestations. Initiative de rencontre, de brassage et de partage, les Urban Music Awards s’inscrit dans une dynamique de challenge et de rehaussement de la musique urbaine dans notre pays.
Pourquoi ? Simple ! Combien sont-ils dans l’Underground à être encourager malgré leur détermination, leur investissement et leur talent ? Combien d’estrade couronne au Bénin, la musique urbaine, la musique de jeunes, la musique tendance ? Comment la relève peut se faire alors que ceux qui doivent être relayés sont les seuls à recevoir les trophées et les distinctions ? Comment les aînés pourront-ils aider les plus jeunes, alors que, depuis leur investissement, aucune motivation ne leur témoigne la gratitude que l’on leur doit, pour tant d’efforts ? Quand est-ce que la musique urbaine prendra l’audience qui doit être la sienne, alors que les acteurs de cette musique ne sont connus de personne ? Qui, mieux que les acteurs de la musique urbaine, pourra contribuer à l’expansion de ce genre ? Comment la musique urbaine, peut-elle s’améliorer, alors que les meilleurs ne sont pas couronnés, pour contraindre ainsi les autres à faire mieux ?
Voici tant d’interrogations qui justifient une telle initiative, une telle innovation. Il fallait trouver un moyen de primer la musique urbaine. Il fallait résoudre la question du manque de considération, du manque de motivation, pour ceux qui travaillent sans relâche pour cette musique. Ainsi artistes, beat-maker, ingénieurs de sons, managers, promoteurs culturels, producteurs, journalistes et bien d’autres seront félicités à travers des trophées, à travers des distinctions.
Mais en plus d’être des distinctions, ce sera beaucoup plus des appels au perfectionnement, au professionnalisme, à l’amélioration. Ce sera donc une lourde responsabilité que vont porter ceux qui seront distingués. Responsabilité à leur égard, mais aussi à l’égard du public. Chaque année donc, des distinctions seront remises. De quoi susciter l’engouement. De quoi inciter au taff. De quoi donner de l’insomnie aux uns et autres mais surtout, de quoi contribuer à la flambée de la musique urbaine béninoise ; qui sans nul doute, traversera les frontières voisines, de l’Afrique et du monde.
Désormais, une légende se forge et s’écrit à l’aide de vibes et de décibels. Alors il n’est qu’à dire : « Que la Musique Urbaine Béninoise s’intronise ! ».