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Écouter Prego Pardon ; c’est comme laper de vives brûlures puis, hurler tel un sadomasochiste : « Oui ! J’en veux encore ». Ce n’est pas le retracement « pimentée » que fait l’artiste qui émule le cerveau ou donne envie de kiffer à nouveau. Mais… Mais surtout la peinture étonnement réelle de la réalité.
Sergent semble vouloir astiquer les mémoires. Épousseter les doutes de son président. Et pour ça, il procède par exhibition rétrospective et intro-répressive. Dans ce sens, écoutez « Prego Pardon » et dites-nous si vous n’y retrouvez pas le Bénin et, toute sa gabegie politique !? C’est donc ça l’apanage des artistes qui se refusent de tomber dans la banalité des clichés ou la légèreté des thématiques traitées. En effet, comment peut-on être un artiste VRAI, au ressenti profond ; et ne pas être « porte-voix des sans voix » ? Donc en cela Sergent Markus rempli une mission de conviction. Une mission de vision. Une mission sacerdotale.
Notre Sergent de la plume est de ce fait, perpétuellement, dans cette quête à surpasser son ego, pour faire luire et reluire les blessures, les douleurs, les colères, les scarifications des béninois. Dans ce son, tel un oracle, il lie le présent au passé, et lit aussi le futur, afin de mieux s’adresser au président de sa république. Ce n’est pas un affront qu’il faut identifier dans une audace si harmonieuse, si directe mais, une franchise artistique pure, et constructrice. Car Sergent Markus, vient dire tout haut ce que nombreux ressassent tout bas. Et ce n’est pas que dire pour lui qui compte mais, ANALYSER et PRÉVENIR surtout.
Ainsi son discours refuse l’individualité, et ne s’apparente pas aux interprétations des partisans passionnés. L’artiste demeure en conformité avec sa conscience, afin que celle collective respire en sa plume et à travers sa voix. Et c’est là encore, que Sergent Markus nous prouve qu’il reste un artiste pour de vrai : engagé.
Et justement, à propos d’engagement, écouter « Prego Pardon » ; pour ceux qui ont l’oreille attentive, c’est marcher sur les réminiscences d’un autre engagé intemporel : Fela Kuti. Comment, diriez-vous ? Et bien, faîtes attention au Sample : Et vous y entendrez l’un des titres les plus activistes de Fela, le nigérian afro-mythique.
En ce sens, tout dans « Prego Pardon » hurle l’engagement. Tout ! Du rythme au Sample, du Sample à la voix, de la voix au texte, du texte au ton, du ton au refrain, et du refrain aux genres musicaux. Car curieusement, pendant que nous aurions voulu dire : Écoutez « Prego Pardon » comme on écoute du Slam retentissant, on est contraint à se rendre compte que ce titre n’est pas que Slam. On y fréquente à la fois un Markus qui, sans rupture, vogue entre Slam et Rap. Un Markus donc qui rend, malgré cette coexistence musicale, une intensité de ressenti incessante. On a droit à du flow et à du mot. On y saisit la fermeté du verbe, la rudesse roc de l’intonation, et un accent militarisé.
Nous vous avions dit que « Prego Pardon » est intimement en relation avec la réalité n’est-ce pas ? En voici l’autre preuve ! Parce que, semble-t-il, quand on dit « réalité », pour Sergent Markus, c’est jusqu’au bout. Faîtes seulement attention aux paroles, et vous verrez que vous pourrez même imaginer, dans quelle condition ou position exacte était l’artiste quand il écrivait ce titre.
Si vous n’avez pas trouvé, guettez la deuxième minute 30 du son et vivez ces révélations : « (…) avec ce texte scandé sous pression et écrit en génuflexion (…) ». Et là précisément, on s’interroge : Est-ce hasard ou prédestiné ? Sergent Markus écrit « à génuflexions », dit-il, et étrangement, son single demande « pardon ». N’est-ce pas là une coïncidence surprenante ? Parce que généralement, quand on veut demander pardon, n’est-ce pas initialement, à genoux que l’on le fait ? L’artiste s’est-il lui-même rendu compte de ce rapprochement mené par son subconscient ? Nous vous avions dis que Markus se campait sur la réalité non ? Voilà : la preuve est là.
A présent, nous vous le consignons : Écoutez « Prego Pardon » ! Et vous comprendrez mieux, pourquoi il faut « servir » et non « asservir » son peuple. Comme Sergent : « (Nous en avons) finis ! ».