Le clash & le challenge de la performance


Que savent-ils réellement du clash ? C'est la question à laquelle nous sommes souvent confrontés quand nous entendons, les caprices, les colères, les injures, les violences des rappeurs du game ? Que savent-ils ces gars qui choisissent de se perturber le quotidien, pour des questions de mots, de flows, et de beat. Que savent-ils réellement du clash ?

De nos jours, au Bénin, on entend des rappeurs, attaquer d'autres à n'emporte pièces. On les entend porter atteinte à leur légitimité intime, et cela, de façon inopportune. On a même l'impression que c'est devenu un plaisir espiègle, visant à créer des beefs inutiles. Ainsi, des groupes, des amitiés, des relations, se sont défaits ; juste à cause de ces élucubrations, pourtant mal orientées.

C'est pourquoi on se demande : Savent-ils que les clashs entre Booba et Rohff sont intox et empestent le rap ? Savent-ils que les clashs longtemps entretenus par The Game et 50 Cent, alimentaient à priori le buzz, et que c’est ensuite, par stupidité, que les armes et les agressions sont entrées en ligne de ressources ? Savent-ils surtout, que le clash au départ, n’avait rien de personnel ? Finalement, oui ! Que savent-ils réellement du clash, nos m'cs béninois ?

Tirons l’affaire au clair. Dans son approche initiale, le clash servait de mobile aux m’cs pour se concurrencer, pour se mesurer l’un à l’autre, pour éprouver leur ego, pour tester leur propre talent ou son évolution avec le temps. Le clash en ce sens, cherchait à émouvoir l’applaudimètre, à aguicher par rapport aux vannes, à aiguiser la parole et la culture de l’improvisation. Le clash était donc, ce que les Battle étaient pour la danse, le break, dans le Hip Hop. Rien de personnel. Mais tout de compétitif. Il permettait ainsi au rap de vivre, de vibrer, malgré les réticences que les médias de l’époque avaient à diffuser le Hip Hop, vu que ce mouvement était stigmatisé.

Un clash ce n’est pas dans un son qu’il faut le lancer, le déclencher. C’est ce qu’on appelle plutôt la procédure du poltronnisme. Un clash se règle face à face. Avec un publique en guise d’arbitre. Et puisque le rap à réussit à s’affranchir de la rue, c’est dans les émissions radios, ou sur des scènes, que désormais, il conviendrait de l’accomplir. Et même quand il est initié à travers un dire impétueux ou provocateur dans un son, c’est juste pour être un prétexte nécessaire qui puisse conduire à la confrontation directe. Une chose que les rappeurs béninois semblent omettre : quand tu clashes quelqu’un, ce n’est pas parce que tu trouves qu’il n’a pas de valeur, mais bien au contraire, tu témoignes qu’il a du talent, au point où tu voudrais rivaliser avec lui, et même lui montrer que tu es en mesure de l’égaler.

Le clash est donc, comme une discipline de performance. Le clash c’est la culture de la compétition, de la rivalité saine. Comme le pouvoir législatif et celui exécutif dans un pays. Ces deux pouvoirs sont censés être en corrélation de challenge, pour s’élever, se rehausser mutuellement, non pas pour se détruire. C’est pareil pour le clash. Il doit enrichir les deux artistes. Autant sur le plan du buzz, que sur le plan de la poigne artistique personnelle.

Un soi-disant clash qui ne construit pas, n’en est pas un. Un soi-disant clash qui va aux armes, aux poings, aux implications personnelles, n’en est pas un. C’est juste de l’intoxication volontaire de la culture rap, et ça, ça ne mérite pas d’être relayé.

Quand deux artistes de loin, se lancent des injures, des vannes, des critiques répugnantes, ce n’est pas du clash, c’est du boufonnisme. Le clash, c’est face to face. C’est yeux dans yeux comme diraient les ivoiriens. Et par principe de respect de l’autre et d’humilité, quand le clash prend fin, la dualité s’arrête au lieu du clash (radio, rue ou scène). Et normalement, à la fin d’un clash, les challengers doivent se saluer d’amitié et de conciliation, comme à un match. Quand ce concept est violé, ce n’est plus du rap, ce n’est plus le Hip Hop, c’est de la bêtise humaine et personnelle.

Le rap n’est pas la voûte des insanités. Et en cela, il importe de ne pas laisser des fantaisies, des lubies privées, entacher sa crédibilité et sa fiabilité. Déjà qu’il est peu accepté, il vaudrait mieux pour nous, que chaque concept rentre dans son contexte normal. Le clash, c’est pour le Mind, pas pour le Fake…

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