Lecteurs et lectrices fidèles. Pour la rubrique Découverte de votre page Music Urbaine Mag, nous nous sommes rendus dans les locaux de Marco Polo Studio pour y retrouver deux jeunes artistes, deux frères, deux talents de la music urbaine Béninoise. Il s’agit en effet de deux mc’s ayant débutés avec le rap hardcore mais qui, avec le temps sont passés à un tout autre genre musical. Le groupe Mamba Noir s’est prêté à nos questions, notamment sur leur carrière musical, leurs projets à court et à long terme. Lisez plutôt notre compte rendu.
MUMag : Salut les gars comment allez-vous ?
Mamba Noir : Salut Music Urbaine Mag. Tranquille ça va.
MUMag : Vous êtes un groupe de deux mc’s et vous vous êtes fait appeler Mamba Noir alors dites-nous le groupe est composé de qui et qui ?
Mamba Noir : Mamba Noir c’est Auré et Nancé. Comme les fans le savent déjà, nous sommes des frères
MUMag : On vous connaissait en tant que groupe de rap. On se souvient encore de votre son Boomerang que vous avez clipé par la suite et de faut pas noisé qui est aussi un son à vous. Sur ces deux morceaux, on a quand même remarqué une détermination, une hargne, une envie de conquérir la musique hip hop au bled mais quelques années plus tard, vous avez radicalement changé de style musical et avez viré dans une musique qui prône plus l’identité culturelle. Pourquoi ce changement?
Mamba Noir : En tant qu’artistes, nous aspirons à faire carrière dans le domaine de la musique et de plus une carrière internationale. Donc on s’est dit bah faudrait quand même changer la donne apporté carrément du nouveau dans la musique hip hop. Certes ce que nous avions fait comme morceaux, c’était de bons textes de bons flows sur de bonnes prod mais cela semblait toujours du rap français ou du rap américain donc du copier-coller. Notre objectif, c’est d’apporter du nouveau en matière de rap Béninois, pouvoir représenter notre bled comme comme Didier Awadi, Daara-J, yeelen et autres le font pour leur pays. Du coup on s’est dit faisons un genre de musique typiquement Béninois, valorisons notre culture.
MUMag : Parmi vos derniers sons, il y en a un qui est titré Minwivodoo téléchargeable ici. Ce morceau a carrément fait le tour du Bénin. Dites-nous ce qui vous a inspiré un tel son.
Mamba Noir : Bah Minwivodoo est pour nous, une façon d’arpenter le nouveau style, de montrer aux béninois et aux pays de la sous-région ce qu’est la culture Béninoise et cette culture n’est pas sans le vodoun, les vodouns que nous avons chez nous. C’est pour ça qu’à travers ce morceau, nous avons voulu mettre en exergue ces vodouns, ces divinités. C’est une manière pour nous de faire reconnaitre notre musique dans la sous-région en y mettant des rythmes de chez nous, des rythmes indexant directement le bénin et en parlant de rythme, sur ce morceau, nous avons fait du Toba qui est un rythme de chez nous et de chez nous seul. En fait dodombaya est un mélange de flow pour les férus de bon flow et de chant subliminal sur un air charmeur, le tout dans un rythme métissé du Toba vers le hip-hop groove qui scande la beauté et la joie de vivre de l’Afrique. Dodombaya faut le rappeler est le nom d’une danse issue du rythme traditionnel Toba qui trouve ses racines dans le zou-Benin et qui en réalité est « donoun donou Baya » en langue locale fon qui traduit littéralement veut dire « Je me prosterne pour mon roi », donc « Donoun donou baya » arrangé au son par Mamba Noir a donné « Dodombaya » et c’est ça l’objectif en fait. C’est tout comme le Nigéria. Quand aujourd’hui on écoute un son du Nigéria, les quinze (15) premières secondes renseignent sur sa provenance. Ce n’est pas que Mamba Noir reste carrément dans ce style Dodombaya en est la preuve car c’est un morceau plus festif, plus dansant et qui montre ce rythme qu’est le n’donou donoubaya que nos grand parents exécutaient comme danse. Tout ça pour dire que la culture Béninoise regorge de beaucoup de richesse et comme nous, il faudrait que les rappeurs s’en approprie et évitent de copier et coller la musique que nous appelons la musique naija. Il s’agit plutôt de valoriser la culture du bled à travers la musique hip hop. On ne demande pas aux rappeurs de rejoindre des trucs mystiques ou autres on demande juste que la musique hip hop que nous faisons au Bénin ait une couleur car ce n’est que par-là que nous pouvons exporter et vendre notre hip hop.
MUMag : Après le morceau Minwivodoo, n’avez-vous pas peur que les Béninois disent « Mamba Noir est maintenant dans les pratiques occultes, les choses mystiques ou autres chose du genre »?
Mamba Noir : Oui il y a eu beaucoup de polémique après la sortie de ce son. Nous avons reçu pas mal de message d’intimidation « vous, vous êtes trop petits pour parler du vodoun… » « Cessez de parler de ce truc c’est une mauvaise pratique… » Mais nous, on ne l’a pas mal pris car en tant que Africain, en tant que Béninois tu dois pouvoir te dire que tu es né sur une terre, dans une famille et dans une culture. Cette culture comme vous le savez, c’est le vodoun et que vous le voulez ou non, toutes les autres religions ont été importées la belle preuve est qu’il y a pas si longtemps que ça, on a fêté les cent ans (100 ans) de l’église catholique au bénin. La dite église est la première qui soit venu dans notre bled et comme je le disais, que nous le voulons ou non, nous sommes tous né sur une terre de vodoun c’est notre racine principale. C’est notre chose du coup nous on a voulu en parler, le valoriser à travers nos chansons même si cela n’a pas été accepté par certaines personnes. Il nous faut une identité dans le monde de la musique rap et c’est ce que nous essayons de faire parce que juste là, nous sommes des bateaux sans boussoles en matière de rap et ça c’est vrai. Les rappeurs béninois semblent ne pas le savoir.
MUMag : Vous avez parlé de Dodombaya qui est aussi un morceau à vous. Dites-nous donc combien de morceaux avez-vous sorti depuis ce changement de style ?
Mamba Noir : Nous avons fait quatre (04) morceaux que sont : kainfri, Miwanou, Minwivodoo et le dernier c’est Dodombaya
MUMag : Quels sont les projets de mamba noir ?
Mamba Noir : Il y a notre album qui est en pleine préparation, certains sons ont déjà été posés donc on peut dire que l’album arrive bientôt. Après notre spectacle live du mois d’août, nous avons été invités sur le festival Wassa hip hop qui s'est déroulé fin septembre au Niger et juste après ce festival, on prévoit un autre au Maroc.
MUMag : En parlant de l’album et des morceaux déjà posés, dites-nous quelles sont les collaborations qu’il y a eu ou celles qu’il y aura.
Mamba Noir : Coté collaboration, nous en avons très peu parce que pour nous, un artiste c’est déjà celui qui prouve sa valeur son talent tout seul et pas celui qui choppe les gars, leur propose des featuring histoire de profiter de son buzz. Donc nous on fait notre taf en solo afin de prouver notre potentiel. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas eu à collaborer avec d’autres artistes dans le passé nous en avons fait avec Jay-killah, wilf enighma, mutant…
MUMag : Avez-vous des conseils pour les rappeurs comme vous ou ceux qui voudraient faire comme vous ?
Mamba Noir : En parlant de conseils, on ne peut que demander aux autres artistes de créer leur propre musique, chercher et comme on le dit, vous trouverez parce qu’il ne sert à rien de copier les autres sans rien modifier ça nous désole de voir nos frangins copier des prod naija et de chanter dessus comme les Nigérians mais dites-moi donc ce que nous voulons vendre et à qui ? Aux Nigérians, ceux chez qui on copie ? Si cela continu ainsi, on sera toujours des bateaux sans boussoles. Quel rappeur béninois pourra nous dire qu’il a fait le tour du monde avec sa musique rap? Les autres pays ont créé leur rythmes ou apporter un plus à la musique hip hop. Les artistes comme Daara J, Arafat (même s’il n’est pas rappeur), les nigérians font le tour du monde avec leur musique et tout ça parce qu’ils ont laissé le copier-coller de l’occident mais quel rappeur béninois peut me dire qu’il a fait le tour ne serait-ce que de l’Afrique avec sa musique) à part notre grande sœur Angélique KIDJO, qui d’ailleurs n’est pas ici. Il est important d’apporter un plus au rap qu’on fait ici afin de pouvoir l’exporter et la vendre. Noter que Jay-z, Birdman et autres ne viendront pas acheter notre musique si on n’en apporte rien.
MUMag : Depuis le début de l’interview, on répète tous mamba noir. Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre groupe ?
Mamba Noir : Quand on a commencé, nous avons voulu resté attaché à notre culture, à notre famille car nous sommes de Ouidah et vous n’êtes pas sans savoir que chez nous, nous avons une divinité qu’est le python. A travers notre groupe, nous voulions sortir le lien familial que nous avons avec les reptiles surtout avec le python mais on ne pouvait pas se faire appeler les pythons boys ou autres choses du genre alors on a pris le nom du serpent le plus dangereux, le plus venimeux de l’Afrique.
MUMag : Mot de fin
Mamba Noir : on va d’abord commencer à remercier Music Urbaine Mag pour l’intérêt qu’elle a accordé à notre groupe. On vous encourage à continuer le taf même si c’est difficile. On remercie aussi le studio dans lequel nous sommes en train de faire l’interview, le studio de marco polo sans oublier le beatmaker DJ Stylfler qui a pondu la dernière prod, la dernière bombe sur laquelle nous allons poser les charges. On remerci aussi ceux qui nous soutiennent de près ou de loin, ceux qui œuvre pour la musique béninoise. Soyez patient car Mamba Noir arrive très bientôt
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