Ici commence l'impertinence. Et figurez-vous qu'on ne termine pas de se sentir choqué. Dans le sens le plus vif du mot en plus. Dans ce remix du single "Coco" de O.T. Genasis, l'architecture de la plaisanterie moqueuse flamboie, les brusqueries ricanent, l'instinct macho masculin s'anime. Et pourtant, on ne s'arrête pas d'entendre défiler des flashs d'images crapuleuses. Choquantes ? Oui ! Mais même à contretemps et à contre-ressenti, on ne s'arrête toujours pas d'écouter cette trap grivoise. Parce que le refrain est entraînant. On ne le fredonnerait peut-être pas tous (question de contenance oblige), mais on se laisserait certainement entraîner. Et puis, il y a cette aisance insolente de Snake. Mieux, il y a aussi ces retentissements decrescendo dans les ponctuations de ce remix, qui d’ailleurs, nous rappellent que le rap est un art des extrémités. Et qu’on le veuille ou non. Qu’on l’admette ou pas, « #ACTN #OBLMG » respecte à point, cette capacité à produire du désir en soi. Et donc continue l’Impertinence.
C’est pourquoi on va jusqu’à se questionner : Qui donc est cet artiste ? Qui est ce Snake ? Le seul venin qui mord ses lèvres serait-il celui de l’abrupt ? Et d’où lui vient cette posture si assurée ? Au point d’affirmer de tels extrêmes ?!? « #ACTN #OBLMG » ! De quoi susciter de la révolte non ? Mais justement, faut croire que la démarche de l’artiste se situe dans ce couvert de la provocation. Celui qui consisterait à débusquer les clichés ou à les perpétuer. Qui sait ? D’ailleurs, faut-il en vouloir à l’artiste de rendre à la pétasserie le ton qu’elle épouse ? Faut-il en vouloir à notre rappeur de révéler les travers des filles dites branchées de sa ville ? Faut-il en vouloir à Snake de dévoiler les déchéances de son entourage ou peut-être même les siens ? Qui sait ? Toutefois, on sait désormais que (et faudra le retenir !), Snake fait partie de ceux qui aiment le sortilège du dérangeant, afin de grandir l’ange en eux.
