L'excentricité d'une salle peut contenir un débordement d'émotions et de motions. D'ailleurs, c'est entre frustrations et coups de gueule, entre recommandations et reprécisions, que s'est déroulée la conférence-débats censé faire du festival MTN-HKH 2015, un canal de réflexions et de remise en cause de nos musiques urbaines béninoises.
Seize heures, et plus. Nos jambes traversent le dos du géant podium de l'Institut Français de Cotonou. Quelques pas. Nous entendons des voix. Quelques pas encore. Et quand la poignée se trouve entre nos mains, et que nous allons siéger sur une chaise, nous entendons des voix rugir. En définitive, ce que tente de nous dire la plupart de ceux qui prennent la parole, c'est que nos musiques, c'est « rien que de la merde ». C’est alors que l’on comprend bien que nous sommes le jour d’Avril où la courtoisie humaine exige qu’on tende des pièges aux autres. Parce que, prétendre que nos musiques urbaines, jusque-là, c’est « rien que de la merde », ça doit ressembler à ça : « un poisson d’Avril » dans le milieu du Hip hop. Par contre, on fini par se rendre compte que le justificatif reste fondé. A présent, il est plus de dix sept heures quarante minutes. La conférence s’égrène.
Et lorsqu’on en ressort, c’est avec la mitigée sensation que nombre des acteurs du Hip Hop béninois surfent sur les ressentiments, et sur les méandres du passé. Qu’espère-t-on chaque année, lorsque nous nous rendons aux conférences en ayant pour but d’exposer les frasques du Ardiess Possé des années 2000 (probablement autrefois immature, pour avoir entretenu un favoritisme dans un réseau propre à leurs ambitions individuelles) ? Et là encore, nous parlons de l’antan ! Qu’espère-t-on donc ? Que le groupe fasse un mea-culpa ? Et après ? Qu’y gagnerait-on ? Un satisfécit instinctif peut-être ! Mais ensuite, ne revient-on pas à la même nécessité qui devrait incomber à nos esprits ? Celle de rendre plus viable, vendable, visible, compétitive nos musiques urbaines ? Alors ! Que vaut-il de nouer notre temps aux fioritures de la rancune ?
Aux côtés d’un Oscar Kidjo, d’une tempérance convaincante, se servant de comparaisons toutes élémentaires pour illustrer nos réalités ; nous avions un Eric Gbèha, assurément attentif aux différentes plaintes ; et tous deux, partageaient en commun ce verdict : « le travail musical a besoin d’encore plus de qualité. Parce que, hors de nos frontières, même par patriotisme, nous ne pourrions défendre de tels produits ». C’est alors à cela qu’il conviendrait de s’atteler ! : L’amélioration de nos arrangements, de nos mix, de nos masters, de nos orchestrations musicales ; afin qu’ils puissent se conformer aux normes internationales. Ce qui d’après nos conférenciers, pourraient revenir à : Évacuer en nos habitudes, l’estime extrême des samples (inutilement ?) américanisé, ou pire, des textes (futilement ?) en déphasage avec nos réalités.
Mais à propos, pourquoi avons-nous le sentiment d’un tout le temps déjà dit ? Est-ce nos artistes qui ne veulent pas assimiler ce qui doit et qui se répète depuis nombre d’années ? Ou est-ce plutôt, nous, qui ne voulons voir ceux qui déjà font ce qui se doit ?
C’est alors qu’il conviendrait de s’interroger : Qu’espère-t-on chaque année quand nous nous rendons à cette conférence et que nous axons nos idées sur ce qui ne se fait pas, ou ceux qui ne font pas ; alors que, ce qui est déjà fait, ceux qui font déjà, méritent que nous leur apportions un regard en plus ?
Au sortir d’une telle rencontre, nous restons avec l’amer goût du ressassement. Nous avons la langue languie par les mêmes tout le temps répétés : « il faut de l’identité dans nos musiques », etc. Et nous sentons une intention inconsciente de nos journalistes, de nos acteurs du Hip hop, à faire une fixation sur le manque, plutôt que sur le déjà disponible. En cela, nous insistons à questionner : A ne voir que le non-fait, se souvient-on de ce qui se fait ?
Le legs de cette conférence demeure que, nos musiques urbaines devraient de plus en plus, prendre un bain d’africanité, et de béninoinité ; autant à travers nos langues, nos résonnances traditionnelles, nos jargons, nos réalités, que nos styles vestimentaires. Par contre, il est à se demander, que faisons-nous de ceux qui œuvrent déjà dans cette approche ? Attend-on des artistes précis avant de travailler à la popularisation de ceux-ci ? Oublions-nous que, bien que ne faisant pas l’harmattan, une seule hirondelle, peut en attirer d’autres ?
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Conférence-Débat HKH 2015 : « Rien que de la merde » ???
Djamile Mama Gao 04-04-2015 23:34 2120Dans la même catégorie
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