Kebo : « La rencontre avec Brice Dragomir en 2014 a changé la distribution des rôles »

Impossible de citer les acteurs culturels, personne physique ou morale, intervenant dans le domaine de la production audiovisuelle sans mentionner Claxik Media. Connu surtout grâce à la série Ting Tang, Kebo OKIOH dévoile les difficultés rencontrées lors du lancement des différents canaux de Claxik Media. Il confie aussi des détails sur la production de Ting Tang.

Volun Corp : Pour les lecteurs qui ignorent ce qu'est Acoustik Radio, pourrais-tu le leur présenter, et te présenter aussi ?

Kebo : Je suis Kebo OKIOH, jeune entrepreneur béninois, Directeur de Claxik Group. Acoustik Radio est une web radio multicanale disponible en application sur Android et sur iOS, et également disponible sur www.acoustikradio.com. La ligne éditoriale est musicale, playlist jeune, et culture urbaine.

Volun Corp : Comment Acoustik Radio a-t-il commencé ?

Kebo : L'idée a été étudiée pour la première fois en 2014. Acoustik Radio devait être à l'époque juste sur le web, mais le débit de connexion était presque nul et les forfaits de connexion très chers payés. Acoustik Radio est donc devenu Acoustik Mag, un magazine qui n’a également pas pu voir le jour. L’idée a été revue en 2017 avec le taux de pénétration des smartphones au Bénin et le prix plus abordable des forfaits de connexion Internet. Nous avons donc décidé de tenter l’aventure en application mobile et sur le web.

Volun Corp : Cela fait plus d’une année déjà que la radio existe. Quel est le bilan ?

Kebo : Le bilan est plutôt satisfaisant. Plus de 300.000 connexions en 2018 à la plateforme par les applications mobiles et sur acoustikradio.com. Le retour des auditeurs est la plus grande satisfaction que nous avons. Nous recevons tous les jours des messages d’auditeurs qui sont très portés sur nos playlists.

Volun Corp : Quelles sont les perspectives envisagées pour l’avenir ?

Kebo : Pour le moment, nous continuerons de renforcer notre présence dans le cœur des auditeurs, nous essaierons de convaincre encore plus d’aficionados de musique urbaine. Pour l’avenir, nous avons tellement de surprises que nous préparons, mais je ne pourrai rien vous dire tout de suite à part qu’une toute nouvelle version de Acoustik sera disponible cette année.

Volun Corp : On a appris que pour passer sur Acoustik Radio, il faut payer des frais autres que ceux convenus dans la grille tarifaire du média. Qu’est-ce qui justifie cet état de choses ?

Kebo : C’est une information que je n’avais pas. La radio est essentiellement musicale, alors si nous devons prendre des frais pour passer un morceau, nous n’en recevrions certainement aucun. Les programmations musicales sont supervisées jusqu‘à présent par ma personne et je peux vous assurer que personne n’a jamais payé un franc pour avoir son morceau sur la radio. Nos auditeurs peuvent vous faire la longue liste de morceaux béninois qu’ils ont découverts sur notre radio. Alors, si une rumeur comme ça existe, elle est infondée.

Volun Corp : Le 15 décembre 2018 a marqué le lancement de Claxik TV. Tu annonçais d’ailleurs lors de ton oratoire ce jour-là que c’était en préparation depuis 4 ans. Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Kebo : Oui, 4 ans. CLAXIK TV était un des principaux projets pour lesquels j’ai créé Claxik Média. La difficulté première, c’était Internet au Bénin. Les gens pensent que la difficulté dans ce marché, c’est le manque de productions audiovisuelles béninoises, mais non. Il y avait des séries, gags, fictions dans des placards des producteurs et il fallait ouvrir un circuit de distribution comme Claxik TV. Internet au Bénin s’est amélioré et est devenu beaucoup moins coûteux.

La seconde difficulté est toujours actuelle : convaincre les producteurs de nous suivre. Malgré une distribution inexistante de leurs projets, plusieurs producteurs ou réalisateurs hésitent toujours à nous suivre. Ils rêvent toujours d’intéresser Netflix. Nous avons donc dû produire nous-mêmes du contenu dont la série Ting Tang et faire de son acteur principal une icône. Ceci nous a permis d’avoir un pied dans la production cinématographique, d’attirer les regards et de consolider près de nous d’autres producteurs ambitieux.

Volun Corp : Qu’est-ce qui t’a poussé à mettre sur pied cette chaîne télé web pour le cinéma béninois ?

Kebo : J’ai travaillé des années avec mon père qui est une légende du cinéma béninois et je pouvais voir les budgets astronomiques des productions. Ses œuvres faisaient le tour des festivals du monde, mais aucun circuit ne permettait la distribution au Bénin. Plus de cinémas, pas de chaînes de TV dédiées, DVD piratés en masse. En plus je voyais des proches vivants à l’extérieur réclamer tous les jours les sketches de Marcelline ABOH, de Pipi et autres, des films béninois sans pouvoir les trouver en bonne qualité. Il y avait une donc niche dans le marché et un marché existant dans cette niche.

Volun Corp : Quelles sont les critiques que Claxik TV reçoit depuis son lancement ?

Kebo : Quand vous lancez un une plateforme comme celle-là, vous vous attendez forcément aux critiques et vous vous arrangez rapidement pour corriger les erreurs au fur à mesure. Les premiers rapports indiquaient que certaines personnes se plaignaient de problème pour l’installation sur certains smartphones. Nous y travaillons. Comme on pouvait s’y attendre, certains se plaignent de l’ergonomie et de la rapidité sur certaines interactions, nous comparant à Netflix qui existe depuis plus d’une dizaine d’années. Nous y travaillons également.

Volun Corp : Comment faut-il s'y prendre pour passer ou faire sa promo sur Claxik TV ?

Kebo : Pour rendre disponible ses œuvres sur Claxik TV c’est assez simple, il suffit de joindre notre service d’acquisitions par mail yvonne.sehoueto@claxiktv.com. Il n'y a pas vraiment de promo sur Claxik TV. Mais si c’est pour passer des spots vidéo, il suffit de joindre le service commercial au +229 62 196 060.

Volun Corp : Quelle est la ligne directrice des médias Claxik en matière de contenu ?

Kebo : Sur Claxik TV en l’occurrence, il n’y a pas de ligne directrice, pourvu que ce soit du travail professionnel. Nous rendons disponibles des spectacles de tous genres, des sketches, des gags, des séries et mini-séries. C’est vraiment un fourre-tout pour le moment parce que nous avons besoin de relever l’industrie audiovisuelle béninoise avant de commencer à trier. Nous sommes invisibles devant un marché comme Nollywood par exemple. Imaginez qu’on décide de ne prendre que des fictions qui respectent les normes internationales. Nous aurions 2 à 3 œuvres sur la plateforme par année.

Volun Corp : Claxik s’est révélé au public béninois, grâce à la série Ting Tang. Comment l'idée de la série a-t-elle vu le jour ?

Kebo : Il fallait une histoire béninoise produite par Claxik Media pour lancer Claxik TV. J’ai toujours voulu raconter mon quartier populaire comme je le voyais. Des jeunes affamés qui voulaient à tout prix réussir dans un écosystème pas simple : le jeune orphelin qui rêve de rejoindre l’Europe par tous les moyens et lui doit survivre en attendant ; la sœur qui attend « son blanc » et qui pour le moment se contente d’hommes mariés avec des moyens ; le malabar qui veut s’associer à une autorité pour mieux asservir, etc.

J’ai tôt compris que les gens apprenaient vite les belles leçons à travers des histoires drôles donc j’ai choisi ce style. « Je suis dans les Ting Tang » pour dire « je me débrouille » était une des phrases favorites de mon shoemaker alors je l’ai adoptée. La rencontre avec Brice Dragomir en 2014 a changé la distribution des rôles dans la série. Il est devenu le personnage central autour duquel tous les autres tournaient et voilà !

Volun Corp : La production d'une autre série est-elle déjà en projet ?

Kebo : Une nouvelle série est en cuisine pour cette année. Ting Tang 3 également se prépare. Vous les découvrirez au fur et à mesure sur Claxik TV.

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